2008, une nouvelle saison par Gilles Perrodin.
Préambule :
: Avant
le retour attendu avec impatience de nos chers balbuzards, certains ont eu le
plaisir de pouvoir observer, pendant quelques semaines en début d’année, un
pygargue en villégiature hivernale sur la forêt. (voir photo).
A noter également que les tronçonneuses, très actives cet hiver en forêt,
ont eu raison de l’arbre qui supportait la plateforme située à environ 500m
du nid de l’observatoire, et sur laquelle s’était réfugié l’année
dernière le couple composé de la jeune femelle ''02'' et de "l’ancien mâle"
après avoir été évincé de ce nid habituel (voir rubrique 2007). Cette élimination,
probablement fortuite, et, pour différentes bonnes raisons, approuvée
par les uns et déplorée par les autres, entraînera vraisemblablement une compétition
accrue pour la conquête du nid de l’observatoire, très prisé par les
Balbuzards. Du grand spectacle en perspective, et que les meilleurs gagnent…
Première observation d’un
balbuzard survolant l’étang le 03 mars en début d’après-midi. Il s’est
éloigné après une courte séance de vol stationnaire juste au dessus du nid. Les
05 et 06 mars, nouvelles observations d’un balbuzard survolant également le
site en milieu d’après-midi, puis continuant sa pérégrination.
Le 07 mars, trois oiseaux sont observés volant ensemble, et le nid
de l’observatoire est déjà l’objet vers
15H00
d’un premier affrontement entre deux mâles. Tentatives d’identification
infructueuses (oiseaux très mobiles et un seul vu posé ponctuellement).
Les 08
et 09mars, un mâle se reproduisant habituellement sur un nid situé à quelques
kilomètres de l’étang (bague orange patte gauche gravée 8R), paraît
vouloir s’approprier le nid de
l’observatoire et y stationne longuement. En 2006 déjà, arrivé précocement,
il avait essayé de s’installer sans succès sur ce nid, se faisant évincer
à l’arrivée de "l’ancien mâle", qui s’y reproduisait
habituellement depuis 2003.
Le 11 mars, ce mâle (8R), est
toujours présent en début d’après-midi, mais cette fois accompagné d’une
femelle. Est-ce celle avec laquelle il se reproduit régulièrement les années
précédentes ? C’est fort possible, bien que sa bague orange patte
gauche n’ait pu être lue, car elle a été observée le matin même sur leur
aire habituelle (Rolf Wahl), et était également venue plusieurs jours avec lui
sur le site en 2006 avant qu’ils n’en soient chassés. Après un simulacre
d’accouplement sur le nid, ce couple, sans doute encore
"vagabond", s’est éloigné.
Le 12 mars, le même mâle (8R), est encore vu stationnant ponctuellement
sur le nid de l’observatoire en fin d’après-midi, mais il est seul (F.Boursier).
Il a rejoint ensuite sa femelle sur leur nid habituel, et s’est accouplé avec
elle (Rolf Wahl).
Le 13
mars, observation
à
14H50
d’un oiseau qui se pose sur le nid de l’observatoire, mais qui en repart
aussitôt.
Le 14 mars, seuls, deux couples de grèbes huppés en parade nuptiale font
le spectacle sur l’étang, car aucun balbuzard n’a été observé au cours
de l’après-midi. Aucun des précurseurs observés à ce jour
ne s’étant installé sur le nid de l’observatoire, nous attendons
avec impatiente le retour des principaux "acteurs" de l’année 2007
(l’ancien mâle "griffe manquante" et sa femelle "02", 8Z
et sa femelle "20" notamment). A noter que la première femelle a
avoir essayé de s’installer sur le nid de l’observatoire en 2007 (dénommée
"femelle d’un autre nid" sur rubrique 2007), est déjà arrivée, et
paraît pour le moment attendre son ancien partenaire sur leur nid habituel.
Le 15 mars, vers
16H20,
une visiteuse vient se poser par deux fois ponctuellement sur le nid de
l’observatoire, se perche ensuite à proximité, et part une vingtaine de
minutes plus tard. Il s’agit en fait de la femelle habituelle du mâle 8R,
probablement déjà venue avec lui le 11 mars, et dont l’identité a cette
fois pu être vérifiée par lecture de sa bague orange patte gauche gravée 8V.
Le 16 mars, un couple composé d’oiseaux encore non vus cette année
paraît enfin vouloir s’approprier le nid de l’observatoire, car la femelle
y stationne tout l’après-midi. Elle porte une bague orange patte droite, mais
celle-ci, visible seulement ponctuellement et mal tournée, n’a pu être lue
correctement. Le mâle, avec lequel elle est arrivée en début d’après-midi,
est resté avec elle en soirée après un premier accouplement. Il ne porte
qu’une bague métal patte gauche. Il est possible qu’il s’agisse du couple
2007 ancien mâle "griffe manquante" et
femelle 02, mais il nous reste à essayer de le vérifier.
17/18 mars : Les deux oiseaux nous ont permis de vérifier leur
"identité", en nous montrant mieux leurs pattes. Il s’agit bien de
la jeune femelle "02", et de l’ancien mâle "griffe
manquante". Ce dernier ne possède plus qu’un moignon de griffe sur le
doigt externe du pied gauche, ce qui permet de l’identifier chaque année avec
certitude, bien qu’il ait perdu sa bague de couleur. Cette griffe absente ne
constitue apparemment pas pour lui un handicap pour la pêche, car il a toujours
paru assez performant dans l’approvisionnement en poissons. Très actif, il a
entrepris de réaménager le nid, en y apportant notamment de nouvelles
branches, entre apports de proies et premiers accouplements avec la femelle.
A noter que c’est ce mâle
qui est en photo sur la page d’accueil du site, perché sur un piquet de l’étang.
Cette photo figure également sur la galerie 2005, ce qui permet, en cliquant
dessus pour l’agrandir, de voir assez nettement le doigt à l’extrémité
duquel manque cette griffe.
19/20 mars : Le couple est maintenant bien consolidé sur le nid, et
se livre aux activités normales préliminaires à la ponte, constituée généralement
de deux ou trois œufs, et qui devrait être effective dans la première décade
d’Avril. Les accouplements sont nombreux et le mâle, principalement, apporte
un grand nombre de branches sur l’aire. Ces apports ont déjà fait monter de
façon significative le niveau périphérique du nid. Redevenu vacant l’an
dernier (voir rubrique 2007), il avait été peu rechargé, et s’était légèrement
affaissé. Aucune perturbation notable pouvant nuire au bon déroulement de ces
activités n’a été observée à ce jour, hormis la présence d’un couple
de corneilles qui réoccupent un nid situé à une soixantaine de mètres de
l’aire des balbuzards. Elles sont très agressives, ce qui provoque parfois
des affrontements en vol spectaculaires (piqués impressionnants du mâle
balbuzard par ex).
Du
21 au 24 mars : Malgré les averses, le vent et les basses températures
de ce week-end pascal, les deux partenaires continuent à s'investir dans leur
nouveau cycle de reproduction. La femelle reste une grande partie de son temps
perchée à côté ou sur l’aire, stoïque, même quand le vent et les
averses, parfois violents, sévissent. Elle participe, mais pour une petite
part, à l’apport des branches et au réaménagement du nid, et c'est souvent
elle qui intervient dans les affrontements aériens qui perdurent avec les
corneilles. Quand la faim se fait sentir, elle incite le mâle à aller pêcher
ou à lui apporter le poisson, dont il a souvent déjà consommé la partie antérieure,
en poussant de longues séries de cris. Les accouplements se succèdent, et le mâle
est toujours très actif, notamment dans la réfection de l’aire.
Du 25 au 28 mars
: Le mâle balbuzard ''griffe manquante'' et sa femelle ''02''
continuent à réaménager l'aire visible de l'observatoire, qui paraît
maintenant plus imposante, grâce à l'apport permanent de nouvelles branches.
La femelle s'investit beaucoup dans la préparation de la cuvette centrale, en y
apportant souvent ces derniers jours des touffes de végétaux, parfois assez
grosses, qu'elle va chercher sur les rives de l'étang. Les accouplements,
toujours nombreux, paraissent maintenant plus ''concluants''.
Le 26
mars
en fin de matinée, les deux oiseaux, perchés à côté de l'aire, ont
assisté au passage sous leur nid d'un cerf qui longeait dans l'eau la rive de
l'étang. Vingt minutes après, ils se sont envolés à l'arrivée du cavalier
et des chiens qui cherchaient la trace de la bête traquée. Ils sont rapidement
revenus sur leur perchoir après le passage de la chasse à courre.
Le 26 mars également, vers
15H30,
le mâle, perché à côté de l'aire, nous a offert le spectacle d'une pêche
réussie, en plongeant directement près de la rive. Il a rapidement consommé
le poisson, plutôt petit, dans un pin proche du nid. Le fait est à signaler,
car ce mâle a très rarement été observé par le passé pêchant ses proies
dans cet étang qui fait partie de son territoire de nidification, sans que la
raison en soit clairement définie.
Excellente nouvelle le 27
mars! le mâle bague orange patte gauche gravée 8Z est enfin observé vers
12H45,
mangeant un poisson près de la plateforme située à environ deux kilomètres
de l'étang, et sur laquelle il s'était reproduit avec succès l'année dernière
(voir rubrique 2007). Attristante, l'hypothèse d'un non retour s'installait ces
derniers jours, car il avait été observé plus précocement l'an passé, dès
le 14 mars. Par contre, sa femelle de 2007, vue pour la première fois le 2
avril l'an passé, n'a pas encore été observée.
A noter également que la femelle citée le 14
mars et dénommée ''femelle d'un autre nid'' sur rubrique
2007, a
été observée avec un partenaire qui lui a apporté un poisson le 26 mars. Il
s'agit probablement de son mâle des années précédentes, arrivant généralement
tardivement, mais c'est à confirmer.
Du 29 mars au 1er
avril: Changement de
situation imprévu sur le nid de l'observatoire, car l'ancien mâle ''griffe
manquante'' semble avoir disparu. En effet, et alors que le couple présent
depuis le 16 mars paraissait évoluer dans la sérénité, le mâle n'a plus été
observé à partir du 30 mars après-midi inclus.
Le
31 mars, la femelle ''02'', seule, est partie
vers
15H20,
est et revenue 40mn plus tard avec un poisson
entier qu'elle a elle-même pêché. Ce fait est assez inhabituel chez les
balbuzards à cette étape de la nidification, car c'est le mâle qui en général
approvisionne la femelle en proies.
Deuxième surprise ce jour là,
c'est le mâle ''8Z'' qui arrive peu après, avec un poisson partiellement
consommé, et qui le dépose sur le nid. Après un simulacre d'accouplement avec
la femelle ''02'', ''8Z'', en l'absence de l'ancien mâle, est resté en soirée
sur le nid. Cette arrivée nous à paru d'autant plus surprenante que ''8Z''
avait été observé le matin même vers
9H00,
s'accouplant avec une femelle qui l'avait rejoint sur la plateforme de sa
reproduction réussie en 2007, à environ deux kilomètres de l'étang. Compte
tenu des mauvaises conditions de luminosité à cette heure matinale, il n'avait
pas été possible de vérifier s'il s'agissait de sa femelle 2007, bague orange
patte droite gravée ''20''.
Le 1er
avril, c'est encore
''8Z'' qui est observé en compagnie de la femelle ''02'', sur le nid de
l'observatoire. Il a visiblement délaissé rapidement son aire de reproduction
2007, et entrepris de remplacer l'ancien mâle, toujours absent, pour se
reproduire avec la femelle ''02'' (apports de proies, de branches, et
accouplements).
La réapparition de ''8Z'' sur
le nid de l'observatoire, survenant rapidement après une absence prolongée de
''l'ancien mâle'', n'est en fait qu'une demi surprise, car il a toujours
manifesté une forte attirance pour cette aire, sans avoir pu, déjà l'an passé,
se l'approprier pour s'y reproduire
(voir rubrique 2007).
Du 2
au 5 avril: L'espoir de voir réapparaître l'ancien mâle a maintenant
disparu. Il est peu crédible que cet oiseau ait abandonné la jeune femelle
''02'', déjà sa partenaire 2007 d'une reproduction qui s'est soldée par un échec,
et ce nid, très convoité par les balbuzards. Rappelons qu'en dehors d'un
abandon lié à une situation chaotique en 2007 pour suivre cette femelle sur
une plateforme proche (voir rubrique 2007), il se reproduisait sur cette aire
depuis 2003, la défendant toujours avec acharnement. On peut donc
malheureusement penser qu'il n'est plus en vie. Agé d'à peine douze ans et
paraissant plein de vitalité, il est fort possible que sa disparition ne soit
pas naturelle. Cet oiseau avait manifesté les années précédentes sa
propension à aller pêcher de temps en temps, certainement dans des bassins ou
étangs privés, des poissons d'ornement aux couleurs vives. C'est peut-être ce
''délit'' qui lui a été fatal…
Reformant un couple de circonstance et bien que
s'accouplant fréquemment, ''02'' et ''8Z'' ont paru évoluer les premiers jours
avec des attitudes de concurrence sur le nid, mais leur partenariat paraît
maintenant renforcé. Ils continuent le réaménagement de l'aire et la femelle
y stationne longuement. Nous guettons maintenant le début de la couvaison, qui
devrait survenir dans les tous prochains jours.
Le 7
avril: De toute
évidence, la ponte et la couvaison viennent de commencer sur le nid visible de
l'observatoire. La femelle ''02'' reste maintenant couchée, et on ne voit le
plus souvent que sa tête dépassant des branches bordant la partie supérieure
de l'aire. Selon sa position, elle est même parfois invisible. Le mâle ''8Z''
l'a relayée en milieu d'après-midi, pendant une courte pose. Commence donc
maintenant la longue période d'incubation de 35 à 40 jours. Espérons qu'elle
sera cette année couronnée de succès, nous apportant les indices d'une première
éclosion vers la mi-mai.
Du
8 au 13 avril:
La couvaison, maintenant bien établie, se poursuit dans une
apparente sérénité. Comme l'an passé avec l'ancien mâle, la femelle ''02''
paraît portée naturellement à se faire remplacer pour couver par ''8Z'', dès
qu'il est présent à proximité de l'aire. Heureusement, il semble assez enclin
à prendre son relais. Il la remplace donc assez souvent, dès qu'elle va se
nourrir du poisson qu'il lui a rapporté, ou lorsque qu'elle part se donner un
peu d'exercice, puis entretenir longuement son plumage.
Les affrontements entre le
couple de balbuzards et les corneilles semblent avoir pris fin, car ces dernières
paraissent avoir finalement renoncé à utiliser le nid productif de 2007, situé
à une soixantaine de mètres de celui des rapaces.
Depuis que ''8Z'' l'a délaissée le 31 mars, la
plateforme sur laquelle il s'était reproduit en 2007 avec la femelle ''20'' n'a
pas été réoccupée par d'autres balbuzards. A ce jour, cette femelle n'a pas
été localisée sur un autre site de la forêt par Rolf Wahl, qui, comme chaque
année depuis 1995, effectue le suivi de la population de balbuzards en région
centre.
Du
14 au 22 avril: Très bien secondée par le mâle, la femelle ''02'' paraît
maintenant être très assidue à la couvaison, encore effectuée fréquemment
ces derniers jours sous les intempéries.
Bon pêcheur, le mâle ''8Z''
rapporte souvent de beaux poissons. Doté lui-même d'un solide appétit, il en
consomme en général une bonne moitié avant de les apporter sur le nid à la
femelle. Le 21, à
16H15,
c'est escorté de près par deux corneilles qu'il est arrivé avec une belle
proie. Elles rôdent parfois près de lui quand il mange, toujours promptes à
s'octroyer des chutes de nourriture.
Il est observé de temps en
temps en station sur le perchoir de son ancien nid de reproduction 2007,
toujours inoccupé.
Episodiquement, l'approche
d'un balbuzard étranger déclenche l'émission d'une série de brefs
sifflements d'alarme par ''02'' ou ''8Z''. Souvent, le mâle vient alors sur le
nid et agite ses ailes légèrement écartées. Il peut prendre aussi son envol,
venant évoluer près de l'intrus jusqu'à ce qu'il se soit éloigné.
Les visiteurs venant à l'observatoire peuvent
aussi observer, assez fréquemment, le bain toujours spectaculaire de l'un ou
l'autre des oiseaux près des rives de l'étang.
Du 23
Avril au 1er Mai : La couvaison se poursuit avec régularité, la femelle étant
rapidement remplacée par le mâle pendant ses pauses. Patientons encore une
quinzaine de jours, et nous devrions savoir si cette apparente assiduité sera récompensée…
Les deux oiseaux semblent
assez peu sensibles aux averses, encore nombreuses ces derniers jours, et aux
fortes rafales de vent qui font osciller leur aire, située au sommet d'un très
grand pin.
De temps en temps, un héron
cendré, commettant l'imprudence de s'arrêter sur l'étang ou de passer trop près
du nid des balbuzards, se fait rapidement éconduire par une attaque en piqué
de ''02'' ou ''8Z''.
Devant l'observatoire, on
peut maintenant observer quelques foulques, canards colvert et deux ou trois
couples de grèbes huppés, ces derniers paraissant toujours en parade nuptiale
et en compétition territoriale.
Parfois aussi, quand le silence règne, une grande
aigrette, gracieuse, s'aventure à proximité de l'observatoire, cherchant sa
nourriture près de la rive.
Du 2 au 11 Mai
: Le
comportement du couple de balbuzards, se relayant apparemment sans interruption
à la couvaison, paraît toujours prometteur d'un début d'éclosion, qui
devrait intervenir dans les prochains jours.
Le 17 Mai
: Changement de comportement observé ce matin vers11H00 sur l'aire des
balbuzards, indiquant qu'au moins un poussin est né. En effet, alors
qu'habituellement, lorsque le mâle apportait une proie sur le nid à la
femelle, elle s'en emparait et allait la consommer sur un de ses perchoirs
habituels, elle est cette fois restée la manger sur le nid. Elle s'est nourrie
et de temps en temps, s'est penchée vers le fond du nid, commençant
visiblement à donner la becquée au premier poussin déjà né,
vraisemblablement et selon toute logique la nuit du 16 au 17 Mai. Elle s'est
ensuite remise à couver rapidement, sans avoir consommé tout le poisson qui
est resté sur le nid.
Selon le nombre d'œufs, les
éclosions peuvent s'étaler sur plusieurs jours. A cause de la hauteur du nid,
ce n'est sans doute pas avant trois semaines, lorsque le (ou les) poussins
auront grandi, que nous pourrons essayer d'en déterminer le nombre, en voyant
la (ou les) petites têtes dépasser simultanément des branches périphériques
protégeant la cuvette centrale de l'aire.
Cette éclosion est
probablement une ''première'' pour la jeune femelle 02, maintenant âgée de
cinq ans, puisque qu'elle avait échoué dans sa tentative de reproduction l'an
passé avec l'ancien mâle, et ne s'était pas reproduite avec ''8Z'' en 2006,
année de sa première apparition observée sur la forêt (voir rubrique 2007).
Rappelons que ''8Z'', lui, a
déjà élevé deux jeunes l'an passé sur une autre aire, avec une autre jeune
femelle (voir également rubrique 2007).
On peut aussi observer
maintenant un couple de hérons qui commence très tardivement à couver sur un
nid situé au ras de l'eau, enclavé dans des troncs d'arbres morts, assez loin
en face de l'observatoire.
On peut également observer au moins deux couples
de foulques en train de couver, et un couple de grèbes huppés, qui vient lui
aussi de commencer à couver sur un nid d'herbes, très près de celui des hérons.
Du
18 au 22 Mai
: Depuis la naissance du premier jeune, la femelle ''02'' ne
quitte pratiquement pas l'aire, protégeant ou couvant sa nichée en permanence.
Elle ne se relève que pour se nourrir et donner la becquée à son (ou ses)
poussins nouveaux nés.
Le mâle ''8Z'', lui, assure
avec zèle l'approvisionnement en poissons, dont il consomme en général la tête
avant de les apporter sur le nid. Il revient quelquefois chercher celui que la
femelle n'a pas terminé pour finir de se nourrir lui-même. Souvent, il reste
à ses côtés quand elle nourrit. Scène touchante et rare, il donne parfois
lui-même quelques becquées à la femelle quand elle est couchée.
Il est aussi très déterminé
pour protéger le nid, effectuant notamment des piqués impressionnants sur les
hérons ou corneilles s'en approchant de trop près. Il continue également à
''l'entretenir'', en y apportant de temps en temps une branche ou de l'herbe.
Agréable ambiance de calme et sérénité à
cette période sur l'étang, sur lequel par ailleurs le couple de hérons, ainsi
que ceux de foulques et de grèbes huppés continuent leur couvaison récemment
débutée.
Du
23 au 28 Mai
: On sait maintenant que les balbuzards élèvent au moins deux
poussins sur le nid de l'observatoire. En effet, le 28 vers
15H00,
un nourrissage a été donné sur le côté gauche du nid, où les branches périphériques
sont un peu moins hautes. Nous avons ainsi pu voir la petite tête dressée d'un
jeune réclamant et prenant la becquée, alors que la femelle se penchait également
vers le fond de la cuvette de l'aire pour nourrir au moins un autre petit. Très
rapidement, ce sont même deux petites têtes qui ont été vues simultanément.
Espérons qu'une troisième sera également visible dans les prochains jours.
Toujours très présente sur
le nid, la femelle ne s'octroie que de très courtes absentes pour se dégourdir
les ailes et se percher à proximité, et seulement quand le mâle est lui-même
posé sur l'aire pour protéger les jeunes.
Les fortes précipitations du 27 Mai ont fait
monter le niveau de l'étang, ce qui a été fatal à un nid de foulques qui
couvaient assez près de la rive de l'observatoire, ainsi qu'à celui des grèbes
huppés qui s'étaient installés et couvaient à proximité des hérons. Ces
derniers ont été eux-mêmes épargnés, mais couvent maintenant sur la petite
partie de leur nid qui reste encore émergente…
Du
29 Mai au 2 Juin
: Les poussins grossissent et deviennent un peu plus
visibles, notamment lors des nourrissages. Les observations faites de
l'observatoire, conjuguées aux images produites en direct par la caméra et
visibles sur écran dans la Maison forestière du carrefour de la Résistance
(ouverte au public les dimanches après-midi), confirment que ce sont bien deux
jeunes que le couple de balbuzards est en train d'élever. La présence d'un
troisième, qui serait resté invisible à ce jour, constituerait à présent
une agréable surprise.
La femelle ''02'' est
toujours très présente à leur côté sur l'aire, mais s'autorise maintenant
des absences de quelques minutes, soit pour aller se toiletter dans un pin
proche, soit pour aller chercher de nouveaux ingrédients servant à
''l'entretien'' du nid (touffes d'herbe notamment). Le mâle ''8Z'', lui,
continue avec efficacité l'approvisionnement en poissons. Les conditions
de pêche n'étant peut-être pas optimales en ces périodes de hauts
niveaux d'eau, ce n'est parfois qu'après une assez longue absence qu'il apparaît
avec son fardeau vital (plus de
4h
d'absence le 31 mai après-midi). Souvent, il apporte le poisson entier sur
l'aire, puis vient le rechercher pour s'alimenter lui-même après la becquée
donnée aux jeunes. Quand le poisson est très beau, ce qui arrive assez
souvent, il rapporte ensuite l'excédent à la femelle, qui le distribue à
nouveau aux poussins. Ils sont à l'évidence très bien nourris !
Persévérants, les foulques
dont le nid avait été submergé le 27 mai, en reconstruisent un, exactement
sur la même souche qui émerge à nouveau. Espérons qu'une nouvelle montée
des eaux ne le détruira pas une nouvelle fois…
La couvaison du couple de hérons paraît se
poursuivre sans encombre.
Du
3 au 10 Juin
: Les deux jeunes balbuzards sont maintenant âgés de plus de
trois semaines, et sont assez souvent visibles lorsqu'ils bougent et se dressent
sur le nid.
A ce stade de leur développement,
leur plumage commence à pousser et leur tête change d'aspect. Elle commence à
blanchir et les bandes latérales noires au niveau des yeux sont déjà
apparentes.
La femelle, toujours
vigilante, reste encore très présente sur le nid à leurs côtés.
Accaparé par ses longues
parties de pêche, le mâle est souvent absent. Son arrivée nous est fréquemment
signalée par la femelle, qui se met à crier dès qu'elle le voit apparaître
au loin avec le repas.
Profitant d'une cavité crée
à l'intérieur de l'enchevêtrement des branches constituant l'aire des
balbuzards, un couple de bergeronnettes grises s'activait ces derniers jours à
l'apport de matériaux pour y construire son propre nid. Cette cohabitation est
assez fréquemment observée lorsque les nids de balbuzards sont occupés. Peut-être
bénéficient-elles ainsi de la protection involontaire mais efficace de leurs
illustres voisins du dessus contre les prédateurs. Spectacle sympathique et un
peu insolite que de voir ces graciles petits oiseaux s'affairer très près des
grands rapaces qu'ils laissent indifférents, allant même parfois jusqu'à se
poser à leurs côtés.
Ailleurs sur l'étang, le couple de hérons et au
moins quatre couples de foulques continuent leur couvaison.
Du
11 au 20 Juin
: La croissance des jeunes balbuzards se poursuit. Leur
plumage paraît encore brun clair sur le dessus du corps, mais le contraste avec
le blanc du dessous s'accentue. Au hasard de leurs mouvements, on peut parfois
voir leurs ailes se déplier. Elles paraissent alors déjà proportionnellement
très longues.
La femelle les laisse
maintenant plus souvent seuls sur le nid, mais reste perchée à proximité,
toujours prompte à éloigner une buse ou des corneilles s'approchant trop près
de l'aire.
Le mâle multiplie les
parties de pêche (3 apports de poisson en trois heures le 18, par ex)
Depuis peu, quand ils ne sont
pas encore protégés par un adulte ou lors d'un nourrissage, on peu apercevoir
sur le nid des hérons cendrés la tête ''hirsute'' des jeunes qui s'agitent.
Peu visibles encore, ils sont au moins trois.
Trois poussins de foulques ont également été
vus, au milieu de l'étang, suivant leurs deux parents. Les deux couples de ces
oiseaux dont les nids sont proches de l'observatoire continuent à couver.
Du
21 au 25 Juin :
La chaleur se faisant plus forte ces derniers jours, on a pu
voir les deux jeunes balbuzards, ouvrant déjà le bec pour se rafraîchir,
tenter de se glisser sous le corps de leur mère pour se protéger des rayons du
soleil. Elle s'est alors mise dos à l'astre en écartant un peu les ailes, leur
procurant ainsi pendant des heures une ombre salvatrice.
Quand la faim les tenaille,
les cris qu'ils poussent commencent à être audibles de l'observatoire.
Les jeunes hérons commencent
également à se faire entendre lors des nourrissages.
Des naissances on eu lieu sur le nid de foulques
situé le plus près devant l'observatoire. Le 25, ce sont quatre petites boules
noires avec une tête rouge orange vif que l'on a vus faire une excursion sur
l'eau, serrant de près leur deux parents, avant de revenir rapidement sur le
nid caché dans les herbes.
Du
26 Juin au 02 Juillet :
Les deux jeunes balbuzards ont maintenant une
''identité''!
En effet, le 30 Juin, en début
de matinée, ils ont d'abord entendu ''02'' et ''8Z'' pousser des cris d'alarme
en volant au dessus d'eux à l'approche d'un groupe de personnes, ce qui les a
sans doute incités à s'aplatir sur l'aire et à ne plus bouger. Environ 20
minutes plus tard, ils ont eu la désagréable surprise de voir apparaître à
leur niveau un jeune grimpeur professionnel sympathique (il ne l'a certainement
pas été pour eux …), qui les a le plus délicatement possible enfermés dans
un sac de voyage et descendus au sol à l'aide d'une corde. Ensuite, Rolf Wahl,
qui effectue le baguage des jeunes balbuzards nés en région centre depuis
1995, leur a posé sur la patte droite une bague métallique fournie par le Muséum
National d'Histoire naturelle, et sur la patte gauche une bague en PVC de
couleur orange, sur laquelle est gravé un code à deux caractères (R1 pour
l'un, et R2 pour l'autre) lisible à assez grande distance avec une longue-vue.
Il a ensuite pris leurs mensurations (longueur de l'aile pliée et du bec) et il
les a pesés. Après une courte séance photographique, à des fins
scientifiques, ils ont été remontés dans leur nid, environ 30 minutes après
leur descente.
Bien nourris par les beaux
poissons qu'apporte avec diligence le mâle 8Z, ces deux magnifiques jeunes
oiseaux pesaient respectivement
1700 grammes
pour R1 et
1900 grammes
pour R2. Prompts à se défendre à coups de bec, ce qui est peut-être un bon
gage de survie, ils ont dus être encapuchonnés pour le baguage proprement dit,
afin de préserver les mains de Rolf.
Grâce à leur bague de
couleur, nous aurons peut-être le plaisir d'avoir dans le futur de leurs
nouvelles, s'ils sont identifiés lors de leurs haltes migratoires ou sur un
site d'hivernage. Peut-être aussi pourrons nous les localiser dans quelques années,
adultes et se reproduisant à leur tour en région centre.
Pendant toute l'opération,
les deux adultes ont survolé le site en poussant souvent des cris d'alerte,
accompagnés un moment par un troisième balbuzard, peut-être intrigué par ce
remue-ménage. De temps en temps, ils amorçaient un piqué et s'approchaient un
peu du grimpeur, espérant sans doute ainsi le faire partir.
Quand l'équipe de baguage a
été suffisamment éloignée, et après s'être assurés qu'aucun danger ne
subsistait, ils sont revenus à proximité du nid, reprenant le cours normal de
leurs activités.
Le 2 Juillet, nous avons observés
avec plaisir toute la famille en début d'après-midi, calme et sereine. ''02''
se toilettait sur le perchoir du nid après un bain. Les deux jeunes se
toilettaient également consciencieusement pour parfaire leur plumage encore en
pousse. Assez souvent ils battaient des ailes, préparant déjà leurs muscles
à leur futur envol. ''8Z'', lui, était perché un peu à l'écart, se reposant
sans doute d'une précédente pêche très fructueuse, car personne ne criait
pour l'inciter à repartir pêcher.
Dans le nid des balbuzards, les
bergeronnettes grises élèvent elles aussi maintenant des petits, car on les
voit très souvent rentrer et sortir sur la gauche de l'aire (vue de
l'observatoire), le bec chargé de nourriture à l'arrivée.
Devant l'observatoire, les jeunes
foulques des deux nids les plus proches, maintenant toutes nées, apprennent à
se nourrir, nageant dans les herbes bordant la rive sous la surveillance
rapprochée de leurs parents.
Les trois jeunes hérons grossissent
et sont maintenant bien visibles quand ils sont debout sur leur nid.
Du
3 au 6 Juillet :
Les deux jeunes balbuzards ''R1'' et ''R2'' continuent les
exercices de préparation à l'envol, en battant souvent et vigoureusement des
ailes, face au vent. Encore quelques jours, et c'est le grand saut …
Ils savent maintenant manger
seuls, l'un deux s'appropriant parfois le poisson apporté par ''8Z'' avant que
''02'' ait eu le temps de s'en saisir. Quand elle le prend et mange elle-même,
elle continue cependant à leur donner la becquée.
Elle continue également l'entretien de l'aire et
fait preuve d'opportunisme. En effet, le 5, des observateurs l'ont vue y déposer
le monticule d'herbes quelle est allée récupérer sur la souche émergente
située à droite de l'observatoire, et qui constituait le nid des foulques,
maintenant vide… Ceux-ci, peut-être en prévision d'une seconde nichée, et
bien qu'élevant cinq poussins encore petits, ont aussitôt entrepris la
reconstruction de ce nid sur cette même souche.
Du
7 au 14 Juillet :
Bonne et mauvaise nouvelle !
Nous guettions avec
impatience les premiers vols des deux jeunes balbuzards, qui ''s'entraînaient''
encore de concert sur le nid dans la soirée du 10.
Le 11 au matin, lors d'une
première visite sous la pluie battante, nous pensions que cet envol était
effectif pour ''R1'', qui n'était plus visible sur le nid, et que l'on croyait
perché aux alentours, masqué par la végétation.
C'est finalement dans la soirée
de cette journée du 11 que nous nous sommes rendu compte qu'il était en fait
couché sur le nid, totalement inerte, seules quelques plumes de son dos et
l'extrémité d'une de ses ailes étant visibles lorsque le vent les agitaient.
Cette inertie inquiétante, même lors des apports de poisson par ''8Z'', s'est
prolongée le 12 et le 13, confirmant hélas qu'il n'est vraisemblablement plus
en vie.
Bien nourri et mangeant déjà
seul, ''R1'' s'est peut-être étouffé en voulant avaler un trop gros morceau
de poisson. Toute autre cause ayant provoqué sa mort est évidemment aussi
envisageable (maladie, anomalie constitutionnelle, etc…), sachant que la
disparition d'un jeune sur le nid à tout stade de son développement n'est sans
doute pas exceptionnelle.
Quand à ''R2'', c'est le 14,
vers
16H30,
qu'il a pris son premier envol. Il a par la suite effectué plusieurs vols
autour de son nid, revenant à chaque fois se poser dessus, ou sur la branche
qui sert de perchoir juste à côté de l'aire, près de sa mère.
Les jeunes bergeronnettes grises nées
dans une cavité à l'intérieur du nid des balbuzards ont du prendre leur
envol, car les allers et retours des adultes ont cessé.
Par ailleurs, sur l'étang,
l'effectif des poussins élevé par les foulques qui ont niché sur la droite de
l'observatoire est passé de cinq à deux, sans doute à cause d'une prédation.
Le couple qui nichait à gauche très près de l'observatoire a toujours trois
poussins, assez gros maintenant. Seul, leur bec est encore de couleur rouge.
Toujours sur leur nid, les trois
jeunes hérons deviennent de plus en plus bruyants lors de l'apport de
nourriture par les parents.
Le 15 Juillet
:
Le cadavre du jeune ''R1'' a été
collecté ce matin sur l'aire (voir photo), et transporté par une personne
habilitée au Muséum d'histoire naturelle d'Orléans, où il sera autopsié.
Il ne présentait aucune
particularité externe permettant de privilégier dès maintenant une hypothèse
sur la cause de sa mort.
Encore un peu maladroit pour se
percher dans les arbres, le jeune ''R2'' a effectué dans l'après-midi
plusieurs vols aux alentours du nid, sous la surveillance rapprochée de sa mère
qui volait parfois de concert avec lui, ou se perchait assez près de lui quand
il était posé.
Du
16 au 21 Juillet
: Le jeune ''R2'' découvre l'étang.
Utilisant les arbres situés
autour de l'étang, le jeune change souvent de perchoir, mais reste encore
cantonné dans la zone en face de l'observatoire, à proximité de l'aire. La
femelle ''02'', paraissant très protectrice, n'est jamais perchée bien loin de
lui.
Quand il vole, les deux
adultes montent parfois haut dans le ciel, utilisant les ascendances, peut-être
pour l'inciter à s'approprier lui aussi cette composante du vol, ou à étendre
son champ d'action.
Alors qu'il ne le faisait que
très rarement auparavant, le mâle ''8Z'' plonge souvent dans l'étang, dans le
secteur où ''R2'' est perché, sans attraper de poisson. On peut penser que déjà,
il l'initie à l'action de pêche.
Bien que largement nourri
(trois apports de poisson dans l'après-midi du 20 par ex), ''R2'' passe
beaucoup de temps à quémander, criant parfois même lorsqu'il est en
possession d'une proie, qu'il mange encore sur le nid.
On continue à voir, près de l'observatoire, les
jeunes foulques qui grossissent rapidement, alors que plus loin, les trois
jeunes hérons ne semblent pas encore près à quitter leur nid.
Du
22 au 28 Juillet :
Le jeune ''R2'' prend son temps pour s'affranchir…
Bien qu'il effectue parfois un
vol prolongé au dessus de l'étang en prenant de l'altitude, le jeune ''R2'' ne
paraît pas encore s'éloigner du secteur de l'aire, revenant finalement se
percher assez près de sa mère, souvent après une rapide descente en piqué.
Ils affectionnent un pin mort, assez peu visible, et situé sur la rive gauche
de l'étang, environ
300 mètres
devant l'observatoire. Souvent, la femelle est perchée au sommet, vigilante,
et le jeune quelques mètres en dessous.
C'est encore sur le nid que
''R2'' mange les poissons que ''8Z'' lui apporte.
Toujours très protectrice et
attentionnée, ''02'', aidée par le mâle quand il est présent, continue à
attaquer avec virulence tout rapace ou héron qui s'approche trop près de
l'aire.
Elle nous a offert le 22 un
spectacle rarement observé chez les balbuzards, en venant avec un poisson entamé
rejoindre son jeune perché dans un arbre et lui donner la becquée. En général,
l'apport de proies s'effectue sur l'aire jusqu'à la complète autonomie des
jeunes.
Encore incapable d'attraper un
poisson, ''R2'' a été vu le 28 effectuer un plongeon dans l'étang.
L'entraînement à la pêche commence…
Sur le nid de hérons, seuls deux
jeunes sont encore présents. Invisible aux alentours et lors des nourrissages,
le troisième a peut-être été tué ou éjecté hors du nid par ses frères ou
soeurs, ce qui est assez fréquent chez cette espèce.
Tôt le matin du 28, et le
silence régnant, une chevrette est passée sur la rive de l'étang, environ
25 mètres
devant l'observatoire. Dans le contre-jour du soleil levant, cette gracieuse
silhouette s'est éloignée sans tarder, alertée dès le premier déclenchement
de l'appareil photos…
Du
29 Juillet au 5 Août : Le jeune ''R2'' progresse tranquillement.
Toujours bien nourri et recevant
les proies apportées par ''8Z'' sur le nid, le jeune ''R2'' commence à les
emporter de temps en temps sur un perchoir pour les manger. Choisissant des
branches parfois trop petites, sur lesquelles le poisson a tendance à basculer
quand il est de belle taille, il paraît encore un peu malhabile pour se
stabiliser sur une serre, l'autre tenant la proie.
Il change souvent de perchoir, et
commence à utiliser les différents gros piquets se dressant au milieu de l'étang.
Bien que volant parfois haut et
longuement au dessus du site qui l'a vu naître, il ne semble pas encore enclin
à trop s'en éloigner.
Il évolue encore sous la
surveillance de la femelle ''02'', toujours présente, perchée dans le secteur.
Elle sollicite toujours ''8Z'', qui continue apparemment à l'approvisionner
elle aussi en poissons.
A noter que les fortes
bourrasques de vent qui ont accompagné l'orage dans la soirée du 31 juillet
ont créé une brèche dans la partie périphérique supérieure de l'aire. Un
amas de branches pend maintenant sur la partie gauche du nid vu de
l'observatoire, mais la structure principale ne semble pas avoir été ébranlée.
Les deux jeunes hérons, qui
commencent à voler, se perchent maintenant sur les piquets aux alentours de
leur nid, mais reviennent souvent sur celui-ci, notamment lors des nourrissages.
Les jeunes foulques ont grossi, arborant
maintenant le blanc caractéristique des juvéniles sur le devant du cou et la
gorge.
Du
6 au 10 Août
: Sains et saufs après l'orage !
Inquiétude le matin du 7 août
après le très violent orage qui a traversé le secteur vers 5H00. En effet,
dans le silence inhabituel qui règne sur l'étang après le déluge, aucun
balbuzard n'est visible…
Soulagement l'après-midi car
la jeune femelle ''R2'' est là, perchée dans un pin, puis ''02'' apparaît
vers 15H20, avec un poisson partiellement consommé qu'elle dépose sur l'aire.
''R2'' l'y rejoint aussitôt et commence à manger. ''8Z'', non vu ce jour là,
est bien présent le lendemain, se faisant admirer après un bain sur un piquet
de l'étang.
Cette fois, ce sont visiblement
toutes les branches périphériques supérieures de l'aire qui ont été arrachées
par les violentes rafales de vent, la structure principale ayant apparemment à
nouveau bien résisté.
Les grands pins visibles de
l'observatoire semblent indemnes, à l'exception de celui qui s'avance le plus
vers l'étang sur la rive gauche. Plusieurs de ses branches sont cassées, dont
celle qui constituait un des perchoirs favoris aux balbuzards.
Deux nids naturels ont été détruits
en forêt par la force du vent (bilan communiqué par Rolf Wahl). L'un a disparu
du sommet du pin qui le portait, et c'est le pin porteur lui-même qui s'est
couché pour l'autre. Heureusement, les deux jeunes nés sur chacun d'eux étaient
volants depuis plus de cinq semaines pour le premier, et depuis environ deux
semaines pour le deuxième.
Du
11 au 16 Août :
Maintenant nourrie par les deux adultes, et bien qu'ayant
pris son premier envol depuis plus d'un mois, la jeune femelle ''R2'' ne paraît
pas pressée de s'émanciper.
Ces derniers jours, en effet, la
femelle ''02'' s'est remise à pêcher. Efficace, elle revient souvent en début
d'après-midi avec un beau poisson, dont elle apporte plus tard sur le nid une
bonne partie non consommée. ''8Z'' continuant lui aussi à apporter régulièrement
des proies, la jeune femelle ''R2'' a largement de quoi satisfaire son appétit,
et pourra sans doute partir prochainement en migration avec de bonnes réserves
énergétiques…
Ce départ ne paraît pas
encore imminent car bien qu'effectuant fréquemment des plongeons d'entraînement
dans l'étang, elle ne semble pas encore apte à se nourrir par ses propres
moyens et reste encore cantonnée sur le site.
Suivant l'exemple des adultes, et
peut-être un peu par jeu, elle prend elle-même en chasse les buses ou bondrées
s'aventurant dans le secteur, effectuant à ces occasions quelques acrobaties en
vol.
La concurrence pour la possession
des nids paraît perdurer car les deux adultes continuent à avoir assez fréquemment
la visite de congénères ''étrangers'' qu'ils s'évertuent, par leurs cris et
leurs attitudes, à éloigner de leur territoire.
Les deux jeunes hérons
paraissent avoir définitivement pris leur indépendance, car on ne les
voit plus revenir sur le nid où ils sont nés.
Les jeunes foulques, par contre,
reviennent encore fréquemment se reposer sur le nid situé sur la souche émergente
à droite de l'observatoire. Il a été encore reconstruit par les adultes après
une nouvelle destruction due à la montée des eaux consécutive à l'orage du 7
Août.
Du
17 au 24 Août :
''R2'' ne paraît toujours pas pressée de prendre son indépendance.
Cette jeune femelle reste
visiblement encore cantonnée sur l'étang, et continue à se faire nourrir par
''8Z', et parfois par ''02'' quand elle est présente.
Pourtant le 21, le mâle lui a
donné sur place une leçon de pêche, en attrapant deux poissons dans l'étang,
fait exceptionnel de sa part cette année. Plongeant directement du pin dans
lequel il était perché, il a d'abord attrapé vers
14H10
une petite proie qu'il a apportée sur le nid à ''R2''. Il a récidivé un peu
plus tard à partir du même perchoir, sur lequel il est revenu, gardant cette
fois le poisson de taille moyenne pour sa consommation personnelle.
Peut-être en prémices à un départ
en migration proche, la femelle ''02'' semble maintenant s'absenter longuement
du site. Présente régulièrement jusqu'au 19, elle n'a été vue depuis que
dans l'après-midi du 22.
''8Z'' a offert aux visiteurs un
spectacle inédit le dimanche 22 vers
15H00.
En effet, arrivant avec un gros poisson, il s'est d'abord perché dans un de
ses pins favoris. Eprouvant ensuite quelques difficultés à stabiliser cette
proie imposante sur son perchoir, il s'est laissé glisser au sol pour la
consommer sur la rive de l'étang, qui a été notablement élargie ces derniers
jours par la mise en baisse du niveau de l'eau. Il a pu ainsi s'éloigner
suffisamment de la végétation bordant l'étang, peut-être conscient que sa sécurité
était de cette façon assurée vis-à-vis de prédateurs potentiels. Il est
resté à cet endroit pendant environ quarante cinq minutes pour consommer toute
la tête de ce gros poisson, qu'il a apporté ensuite sur le nid à la jeune
femelle ''R2''.
Depuis quelques jours, on entend
fréquemment les cris de deux jeunes faucons hobereaux qui se font nourrir par
les adultes dans les pins situés en arrière de l'observatoire. On les voit de
temps en temps faire une incursion sur l'étang, venant même parfois se percher
tout près du nid des balbuzards.
Du
25 Août au 5 Septembre : Au revoir et longue vie à ''R2''.
Plus de six semaines après son
premier envol, et y étant probablement suffisamment préparée, c'est le 27 Août
que la jeune femelle ''R2'' semble avoir pris brusquement son indépendance.
Encore observée ce jour là quémandant de la nourriture tôt le matin, puis
prenant un bain dans l'étang l'après-midi, elle n'a plus été observée sur
le site depuis cette date. Souhaitons lui longue vie, en espérant avoir un jour
de ses nouvelles grâce à sa bague orange codée…
Jusqu'au 5 septembre inclus, ''02''
et ''8Z'' étaient toujours présents, mais étaient moins visibles, paraissant
s'absenter assez longtemps, ou se perchant parfois à plus grande distance de
l'aire, cachés par la végétation.
Profitant d'une de leurs
absences, c'est un balbuzard non bagué qui a été observé pendant plus d'une
heure le 4 septembre, stationnant en soirée sur un piquet près de la rive gauche
opposée à l'observatoire. Nous ne saurons jamais d'où venait cet oiseau qui,
gorge gonflée après un repas, s'était peut-être octroyé sur l'étang une
halte réparatrice au cours de sa migration…
Du
6 au 17 Septembre : De toute évidence, ''02" et ''8Z" ont à leur
tour quitté les lieux.
Encore observée tôt le matin du
7 Septembre perchée sur un gros piquet au milieu de l'étang, la femelle
"02" parait avoir quitté définitivement le site du Ravoir à ce
moment, car elle n'a plus été observée depuis cette date.
Quand à "8Z" c'est
sensiblement plus tôt que les deux années précédentes qu'il semble avoir
quitté définitivement le secteur, car il a été vu pour la dernière fois tôt
le matin du 15 Septembre. Pour mémoire, il avait encore été observé en
''retardataire'' sur le site le 4 Octobre en 2006, et le 25 Septembre en 2007
(voir rubrique 2007).
Souhaitons leur des trajets
migratoires sans encombre et un bon séjour sur leurs quartiers d'hivernage. .
Le 16 Septembre,
après le départ
apparent de "8Z", c'est un nouveau balbuzard adulte non bagué qui a
été observé en soirée, perché vers le déversoir de l'étang. Il s'agissait
probablement encore de l'un des nombreux migrateurs qui traversent notre région
à cette époque de l'année, et qui a choisi le site pour s'arrêter et se
sustenter avant de poursuivre son voyage.
Ces derniers jours, ce sont les
faucons hobereaux qui ont fait le spectacle en poursuivant les insectes au
dessus de l'étang, rasant fréquemment l'eau de leur vol rapide et capricieux.
Du
18 au 21 Septembre
: Réapparition de ''8Z''!
Il était resté invisible lors
des visites faites à différentes heures chaque jour depuis le 15 Septembre. La
surprise fut donc grande de retrouver ''8Z'' à nouveau présent le 19 à
17H15,
perché avec un poisson entier dans le pin qui s'avance le plus dans l'étang,
sur la rive gauche opposée à l'observatoire.
La gorge déjà gonflée, signe
d'un précédent repas récent, c'est en deux périodes entrecoupées d'une
longue pause qu'il a consommé cette proie, à l'évidence un brochet de
taille modeste.
Il n'a pas été revu les 20 et
21 Septembre. Etait-ce sa dernière apparition avant un départ en migration
cette fois effectif ? Gageons en tous cas qu'il partira en ayant accumulé de
bonnes réserves…
Du
22 au 28 Septembre : Ils vont nous manquer…
Le mâle "8Z" a paru
totalement absent les jours suivant sa courte réapparition du 19 Septembre. Il
faudra à l'évidence maintenant attendre plus de cinq longs mois pour revoir
cette silhouette familière, trônant sur un de ses perchoirs favoris…
Avec les balbuzards, les faucons
hobereaux semblent également avoir entrepris depuis peu leur voyage vers des
contrées plus chaudes, et, sans les foulques qui s'y sont rassemblées en grand
nombre ces dernières semaines, l'étang paraîtrait bien désert en ce début
d'automne...
Par ailleurs, René Rosoux,
directeur scientifique au Muséum des Sciences naturelles d'Orléans, nous a
informés que l'autopsie pratiquée sur le jeune ''R1'' n'a pas mis en évidence
d'anomalie physique pouvant expliquer sa mort sur le nid, alors qu'il était sur
le point de prendre son premier envol.
Il faut maintenant attendre les résultats
des analyses toxicologiques sur les organes prélevés au cours de cette
autopsie pour espérer connaître la cause du décès. Ces analyses, effectuées
sur tous les oiseaux morts recensés, font partie du programme de recherches
inclus dans le plan national de restauration de l'espèce.
Nos chers balbuzards nous ayant
apparemment définitivement quittés, cette rubrique va maintenant prendre fin
pour la saison 2008. Elle pourra être réactivée ponctuellement pour indiquer
les résultats complets de l'autopsie du juvénile ''R1'' quand ils seront
connus.
Espérons qu'ayant échappé à
tous les dangers qui les guettent au cours de leurs migrations et sur leurs
lieux d'hivernage, "02" et "8Z" reviendront l'an prochain
nous gratifier de leurs évolutions et d'une reproduction totalement réussie
sur le nid de l'observatoire, sans qu'ils aient à déplorer cette fois la mort
d'un de leurs jeunes avant envol.
Je tenais à remercier Francis
Couton, qui m'a permis d'alimenter cette rubrique sur son site internet. Nous
espérons tous les deux avoir ainsi fait partager un peu de l'intérêt que nous
portons à ces magnifiques rapaces.
Remerciements aussi à Rolf Wahl,
qui, grâce aux bagues qu'il pose sur les pattes des jeunes balbuzards depuis
1995, nous a permis ''d'identifier'' les oiseaux acteurs de ce récit, et de
connaître leur historique.
Grand merci également à l'ONF,
gestionnaire des lieux et à l'origine de la construction de l'observatoire,
sous l'abri duquel ces nombreuses heures d'observation ont été possibles sans
perturber les balbuzards.
Une pensée amicale, enfin, à
toutes les personnes sympathiques, habitués ou visiteurs occasionnels, avec
lesquelles il m'a été agréable de partager souvent ces observations et cette
passion.