8Z PERCHE                                 

                  Bienvenue pour la nouvelle saison 2014, par Gilles Perrodin.    

                                                                                                                                                                                                                                                                                

     Jeudi 20 février : le retour ou le passage de balbuzards en migration printanière vers le nord semble s’amorcer cette année de façon très précoce en forêt d’Orléans…

Dès le 14 février en effet, un balbuzard nous est signalé survolant l’étang du Ravoir. Le lendemain, un oiseau est encore observé longuement perché dans un vieux chêne visible au fond de l’étang…  

Le 17 février, un balbuzard est à nouveau vu survolant le site et aujourd’hui, c’est un plongeon bruyant qui nous a sorti de notre torpeur vers 15H00. Ce n’était pas un cormoran qui se mettait à l’eau mais bel et bien un balbuzard qui entamait ses ablutions par une série de  plongeons ponctuant un vol bas au dessus de l’onde… Il est ensuite allé se percher dans le vieux chêne pour se sécher. Plus tard, il s’est posé sur le nid visible de l’observatoire, mais les corneilles déjà agressives l’ont incité à aller de nouveau se percher dans un pin éloigné. C’est finalement vers 17H00 qu’il a quitté les lieux en partant vers la gauche de l’étang…

 Les circonstances et les conditions d’éclairage réduites ne nous ont pas permis d’examiner d’assez près ce rapace, mais les quelques mauvaises photos qui ont pu en être effectuées indiquent qu’il s’agit vraisemblablement d’une femelle et qu’elle porte une bague jaune sur la patte droite. 

Ces caractéristiques correspondant au seul oiseau reproducteur que nous connaissons en forêt d’Orléans comme porteur d’une bague jaune, il sera intéressant d’essayer d’identifier cette visiteuse dans les jours suivants si elle réapparaît…

   Mardi 25 février : c’était bien ‘’Panchita’’, déjà revenue de sa villégiature hivernale en côte nord de l’Espagne…

 Après pas mal d’heures d’attente et d’observation, nous avons enfin pu vérifier aujourd’hui le code de la bague jaune que porte sur la patte droite la belle qui visite depuis plusieurs jours l’étang du Ravoir. Apparaissant vers 17H00, elle s’est perchée sur un piquet court situé loin vers la droite de l’étang vu de l’observatoire. Malgré la distance et les conditions d’éclairage médiocres, le code 82, gravé de bas en haut sur sa bague, à pu être lu grâce à une longue-vue.

 Comme nous le pressentions, il s’agit de ‘’Panchita’’, baptisée ainsi par des ornithologues d’une fondation de protection des animaux sauvages du nord de l’Espagne. Ce sont eux en effet qui l’ont capturée pour la baguer en février 2011, alors qu’elle séjournait dans l’estuaire du fleuve EO, à la limite des provinces de la Galice et des Asturies. Elle arborait encore à l’époque un plumage de juvénile, indiquant qu’elle était née en 2010, en un lieu qui restera hélas inconnu…

 C’est en 2012, à l’âge de 2 ans, qu’elle est apparue en forêt d’Orléans, venant rejoindre sur un nid vacant un mâle non bagué qui cherchait à attirer une femelle. Probablement encore trop immature, ce nouveau couple ne s’est pas reproduit cette année là mais en 2013 (c’était à priori le même mâle non bagué…), il a réussi à élever jusqu’à émancipation deux jeunes.

 Observée jusqu’au 12 août, et partie apparemment en migration l’an dernier avant même l’émancipation de ses jeunes qu’elle a laissé alors totalement à la charge du mâle,’’Panchita’’ est allée comme en 2012 passer l’hiver dans la zone où elle avait été baguée en février 2011. La distance réduite de ce lieu d’hivernage par rapport à son site de nidification (environ 900 kms à vol d’oiseau) et le climat particulièrement clément de cet hiver font peut-être partie des paramètres l’ayant incitée à revenir si précocement en forêt d’Orléans cette année… 

Comme elle est probablement encore esseulée, l’étang du Ravoir semble constituer actuellement pour cette femelle un lieu attractif de repos, de baignade et de possibilités de pêche… L’aire visible de l’observatoire, sur laquelle nous l’avons vue se poser, ne lui est peut-être pas non plus totalement indifférente…

  Mercredi 26 février : ‘’Panchita’’  n’est déjà plus seule sur le Ravoir…

 Cet après-midi vers 17H15, c’est un mâle non bagué qui est venu se percher sur un des plus gros piquets de l’étang. Presqu’au même moment, ‘’Panchita’’ est apparue, venant trôner sur un autre perchoir plus éloigné. C’est peut-être la présence du mâle qui l’a incitée peu après à aller chasser une corneille venue sur l’aire, puis à se poser sur une branche qui la jouxte. Les deux rapaces étaient encore dans cette position à notre départ en soirée…

 La gorge gonflée d’un repas pris avant son arrivée, le mâle est resté très apathique, récupérant probablement d’un voyage au long court… L’absence de bague sur ses tarses laisse évidemment planer un doute, mais il nous a paru ressembler à l’individu non marqué qui fréquente très tôt l’étang depuis trois ans, et qui avait même dans le passé conté fleurette à ‘’02’’ avant le retour de ‘’8Z’’… 

Le nid visible de l’observatoire étant apparemment très attractif pour les balbuzards, la suite des évènements s’annonce intéressante…

Vendredi 28 février : ‘’Panchita’’ semble vouloir s’approprier le nid visible de l’observatoire…

 Ce sont maintenant trois femelles déjà reproductrices en forêt d’Orléans qui sont à ce jour répertoriées revenues de leurs quartiers d’hiver. Du jamais vu auparavant un 28 février…

 Après ‘’Panchita’’ qui les a largement devancées, l’une d’elles est ‘’8V’’. Ayant dans le passé fait des incursions sur le Ravoir, elle était déjà régulièrement citée en début de saison dans nos rubriques comme une habituée des retours précoces (notamment le 1er mars en 2010). Arrivant les années précédentes très peu de temps après son partenaire habituel ‘’8R’’, elle semble cette fois l’avoir précédé en étant observée seule sur son nid aujourd’hui. Espérons que ce valeureux mâle ne tardera pas à la rejoindre…

 L’autre, observée dès hier, est la jeune partenaire d’un mâle non bagué qui est probablement celui que nous voyons fréquenter le Ravoir depuis le 26 février. S’il s’agit bien de lui, c’est le seul que nous avons observé à ce jour et la présence de sa femelle habituelle ne l’empêche pas de renouveler ses incursions sur l’étang. Il est en effet encore venu cet après-midi se percher sur son piquet-perchoir favori devant l’observatoire…

 Sous l’œil apparemment indifférent de ce mâle, c’est peu après que ‘’Panchita’’ est apparue pour se poser dans l’aire visible de l’observatoire, puis juste à côté sur une branche. A l’évidence ce nid l’intéresse de plus en plus car hier, elle y a passé aussi une bonne partie de l’après-midi, stoïque sous les rafales de vent et les averses. Nous l’avons même vue commencer à y déplacer des branches…  

‘’Panchita’’ avait réussi en 2012 à évincer une autre femelle qui s’était installée avant elle sur l’aire sur laquelle elle s’est reproduite l’an dernier. A l’époque seulement âgée de deux ans, elle avait néanmoins semblé très pugnace… La confrontation risque donc d’être assez violente pour la propriété du nid du Ravoir au retour espéré de ‘’02’’… ‘’Panchita’’ sera-t-elle avant rejointe par un mâle, et lequel ?...

Vendredi 7 mars : ‘’Panchita’’ se fait discrète, puis revient défendre le nid…

 Alors qu’elle avait paru la semaine dernière stationner de plus en plus longtemps sur l’aire de ‘’02’’ et ‘’8Z’’, ‘’Panchita’’ n’y avait plus été observée depuis dimanche 2 mars inclus, au grand dam des visiteurs que le retour du beau temps à incités à venir de plus en plus nombreux à l’observatoire… Seul, le mâle non bagué observé depuis le 26 février assurait de temps en temps le spectacle par ses incursions sur l’étang…

 Nous nous demandions donc où elle était passée mais aujourd’hui, ‘’Panchita’’ s’est rappelée à notre bon souvenir vers 14H30 en venant subitement chasser une ‘’étrangère’’… C’est en effet une autre femelle caractérisée par le port d’une seule bague métallique sur la patte droite que nous avions trouvée une demi-heure plus tôt en train de manger un poisson juste à côté du nid. Après avoir rôdé un instant autour de l’aire dans laquelle s’était installée ‘’l’intruse’’ à son approche, ‘’Panchita’’ l’a subitement attaquée par un piqué en vol foudroyant, l’incitant ainsi à s’envoler. Après avoir volé un moment de concert, les deux femelles se sont éloignées. Plus tard, c’est ‘’Panchita’’ qui est revenue fêter sa victoire en mangeant elle aussi un poisson à proximité du nid…

 Comme c’est assez courant en début de saison pour des femelles esseulées, ‘’Panchita’’ s’était peut-être absentée plusieurs jours pour aller se faire offrir quelques poissons par un mâle encore célibataire sur un autre nid plus ou moins éloigné… Peut-être aussi surveillait-elle tout simplement le site du Ravoir à distance, n’y venant que de temps en temps hors de notre présence, mais prompte à intervenir lors de l’intrusion d’une autre femelle sur l’aire convoitée…

 Si l’on s’en réfère à l’an passé, le retour de ‘’02’’ devrait être proche. Il sera alors beaucoup plus difficile à la  jeune ‘’Panchita’’ de se maintenir sur l’étang…

 Aujourd’hui encore, le mâle non bagué s’est manifesté, passant devant l’observatoire avec dans les serres un poisson qu’il venait juste de pêcher dans l’étang et qu’il allait peut-être offrir à sa femelle. Observée en couple avec lui depuis le 27 février, cette femelle sera probablement la plus précoce à pondre en forêt d’Orléans… 

‘’8V’’ ne tardera alors sans doute pas à l’imiter, car c’est avec plaisir que nous avons pu constater le 2 mars que ‘’8R’’ l’avait rejointe…

Lundi 10 mars : exit ‘’Panchita’’, ‘’02’’ est arrivée ! 

Le très beau temps printanier a incité hier un nombre important de visiteurs à venir à l’observatoire, et c’est seulement en fin d’après-midi que nous nous sommes aperçus que la femelle dont ils admiraient les évolutions et que nous leur présentions comme étant encore ‘’Panchita’’ était en fait ‘’02’’…

 C’est donc en début d’après-midi qu’une femelle, que nous pensions être ‘’Panchita’’, a tout d’abord pris un bain avant d’aller se sécher sur un gros piquet au fond de l’étang. Après avoir pris de l’altitude en planant, elle a semblé partir en direction de la Loire vers 15H00. ‘’Elle’’ est pourtant revenue peu après se poser à côté du nid, et c’est de là qu’elle est allée directement attraper un poisson tout près de la rive sur la droite de l’observatoire. Elle l’a consommé au sommet d’un vieux tronc d’arbre mort cassé, partiellement cachée par la végétation. Ce n’est que lorsqu’elle est venue plus tard se percher juste à côté du nid qu’il nous est apparu que cette femelle ressemblait plus à ‘’02’’ qu’à "Panchita"… Les conditions d’observation et le jour déclinant ne nous ont pas permis ensuite de vérifier que la bague qu’elle portait sur la patte droite était bien de couleur orange…

 Il nous a donc fallu attendre ce lundi pour pouvoir confirmer le retour effectif de ‘’02’’. Elle est en effet restée cet après-midi longtemps perchée à côté de son nid, cette fois en bonne position pour nous permettre de vérifier la couleur de sa bague et d’en lire le code…

 Elle est donc probablement arrivée samedi en fin d’après-midi ou dans la matinée de dimanche, sans que l’on sache de quelle façon ‘’Panchita’’ à laissé la place… Il n’est pas impossible aussi que ce soit ‘’Panchita’’ que nous avions vue partir en direction de la Loire dimanche vers 15H00, et que ce soit ‘’02’’ qui soit arrivée peu après sur son nid. Dans ce cas, ‘’Panchita’’ n’est pas revenue en notre présence tenter de se maintenir sur l’aire du Ravoir… Elle trônait d’ailleurs ce matin près de celle sur laquelle elle s’était reproduite pour la première fois l’an passé. Espérons qu’elle retrouvera bientôt son partenaire de 2013 pour tenter de perpétuer à nouveau l’espèce…

 Quant à ‘’02’’, elle a déjà repris ses habitudes sur le Ravoir, nous gratifiant cet après-midi du spectacle d’un vigoureux bain pris sous les cris réprobateurs de quelques goélands qui fréquentent actuellement l’étang. Hier, elle déplaçait déjà les branches dans son nid. 

Vivement que ‘’8Z’’ arrive…

Samedi 15 mars : à nouveau réunis !

 Chaque année à cette époque, en guettant le retour des balbuzards en forêt d’Orléans, revient en filigrane la crainte de constater au fil des jours que certains ne rejoindront plus jamais leur site de reproduction…  Notre joie fut donc grande aujourd’hui en arrivant à l’observatoire vers 15H30 de constater qu’ayant lui aussi passé sans encombre la période hivernale, le mâle ‘’8Z’’ avait rejoint la femelle ‘’02’’ sur le nid emblématique de l’étang du Ravoir…

 Arrivé probablement la veille au soir ou dans la matinée, il a paru peu éprouvé par son voyage, développant dans l’après-midi une belle énergie....

 Il a tout d’abord effectué une tentative d’accouplement avec sa partenaire, avant de faire ce qui pourrait paraître pour un ‘’tour du propriétaire’’, allant et venant sur différents perchoirs qu’il fréquente habituellement autour de l’étang. Déjà, ‘’02’’ le sollicitait par ses cris pour l’apport d’un repas…

 Après une altercation avec trois corneilles qu’il a tenté de chasser avec conviction, le mâle nouvellement arrivé est allé pêcher, revenant vers 17H30 sur le nid avec un beau poisson. Bien que ‘’02’’ ait tenté de s’en emparer, il est parti commencer à le manger sur un perchoir caché à la vue par la végétation. Une demi-heure plus tard, il revenait l’offrir partiellement consommé à sa femelle, Une fois celle-ci partie se nourrir au sommet du tronc cassé d’un arbre mort qu’elle affectionne pour cette opération, il a aussitôt entrepris un grand ménage dans le nid en y bougeant les branches et en y grattant énergiquement le fond…

 Peut-être satisfait de son travail, il est enfin venu se percher sur une branche jouxtant l’aire, nous permettant alors de vérifier le code gravé sur sa bague de couleur. 

Voici donc ce couple attachant reformé une nouvelle fois pour tenter de perpétuer l’espèce. Puissent-ils y parvenir cette année comme de 2010 à 2012…

Vendredi 21 mars : les arrivées se poursuivent…

 Après les quelques oiseaux revenus très tôt en avant-garde cette année, le retour des balbuzards en forêt d’Orléans se poursuit sans que l’on note une généralisation des arrivées plus précoces que celles des saisons précédentes… Une douzaine de couples sont maintenant formés ou reformés, mais plusieurs individus manquent encore à l’appel… A noter cependant que l’un de ces couples, reconstitué dès le 27 février, en est au stade de la couvaison depuis plusieurs jours…

 Quant à ‘’Panchita’’, évincée du Ravoir au retour de ‘’02’’, elle semblait ce matin attendre encore près de son nid un mâle pour s’y reproduire à nouveau. Pour l’anecdote, son partenaire non bagué de l’an passé était encore présent en forêt d’Orléans le 21 septembre 2013, ce qui explique peut-être qu’il la fasse patienter encore un peu…

 Sur le Ravoir, la période d’accouplements et de préparation de l’aire bat son plein pour ‘’02’’ et ‘’8Z’’, et le spectacle est permanent… Avec le vent, la dépose de grandes branches sur le nid n’est pas toujours simple pour nos deux bâtisseurs (Voir à ce sujet ‘’02’’ faisant du ‘’saut à la perche’’ sur son aire dans la galerie photos…).

 Lorsqu’ils volent, il faut être attentif à ne pas les confondre avec les quelques goélands qui continuent à rôder sur l’étang. D’envergure à peine inférieure, ces laridés présentent en effet des silhouettes et des battements d’ailes assez similaires à ceux des balbuzards. D’humeur belliqueuse et poussant des cris puissants, ils harcèlent volontiers ‘’02’’ ou ‘’8Z’’ quand ils descendent de leurs perchoirs pour se baigner. Nous ne les avons toutefois pas observés essayant de parasiter les rapaces en tentant de leur subtiliser leurs poissons, bien qu’ils soient réputés pour ces voies de fait… 

Si ces redoutables écumeurs des eaux persistent à fréquenter l’étang, les grèbes, foulques et canards qui en sont les hôtes habituels auront bien du mal à mener à bien leurs éventuelles tentatives de reproduction. En attendant, ils s’y préparent par des affrontements spectaculaires entre couples pour délimitation des territoires, ou, pour les canards colvert, entre mâles pour la possession des femelles. Le printemps est bien là…

Samedi 29 mars : ‘’02’’ et ‘’8Z’’ en pleine ‘’lune de miel’’…

 Alors que deux des couples de balbuzards qui occupent ou réoccupent maintenant une grande partie des nids de la forêt d’Orléans en sont au stade de la couvaison, la préparation à cette période occupe les autres…

 C’est avec plaisir que nous avons constaté qu’après avoir attendu longtemps un partenaire, ‘’Panchita’’ est maintenant elle aussi entrée dans cette phase active menant à la ponte. Elle a en effet été rejointe il y a quelques jours sur son aire par un mâle non bagué qui est probablement celui avec lequel elle s’était reproduite pour la première fois l’an passé…

 Sur l’étang du Ravoir, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ sont également très impliqués pour parvenir à cet évènement. Les apports de branches se succèdent sur leur nid et hier, le mâle y apportait déjà de l’herbe pour en améliorer le confort…

 C’est bien stabilisée dans l’aire que ‘’02’’ accepte la plupart des nombreux accouplements. Nous l’avons vue en effet éconduire ‘’8Z’’ qui tentait cet exercice acrobatique alors qu’elle était perchée sur une branche, puis venir peu après le solliciter dans le nid. Une fois l’acte accompli, elle retournait sur son perchoir, apparemment satisfaite…

 Si la régularité constatée les années précédentes pour ce couple dans les dates jalonnant sa reproduction perdure, ces activités nuptiales devraient le conduire à un début de ponte et de couvaison vers le 6 avril. 

Notre prochain rendez-vous sera probablement pour vous l’annoncer…

Vendredi 4 avril : ne les dérangeons pas…

 Un jour plus tôt que l’an passé, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ entament aujourd’hui la phase délicate de l’incubation d’une ponte que vient à l’évidence de commencer la femelle.

 A notre arrivée en milieu d’après-midi à l’observatoire, le mâle trônait sur le bord du nid, gorge bien gonflée. Nous pensions alors que ‘’02’’ mangeait sa part du poisson dans un arbre, mais c’est quand ‘’8Z’’ a voulu prendre sa place que nous nous sommes aperçus qu’elle était auparavant couchée dans l’aire, parfaitement invisible… Peu encline à le laisser la remplacer, c’est finalement elle qui s’est recouchée sur le premier œuf pondu. Peut-être dépité, le mâle est allé se percher dans un pin de la rive gauche…  

 Si aucun avatar ne vient perturber le bon déroulement de cette incubation, c’est normalement dans 37 ou 38 jours que nous devrions assister aux toutes premières becquées données à un poussin déjà né…

 C’est en bonne compagnie que ‘’02’’ et ‘’8Z’’ vont couver car comme les années précédentes, un couple de bergeronnettes grises profite d’une cavité ménagée dans l’aire des rapaces et de leur protection rapprochée pour engager son propre cycle de reproduction. On voyait cet après-midi les deux graciles passereaux virevolter autour de l’amas de branches et y rentrer le bec chargé de brindilles pour construire leur nid…. 

Ailleurs en forêt d’Orléans, plusieurs autres couples de balbuzards en sont également au stade de la couvaison. Rappelons que ces oiseaux particulièrement sensibles et dotés d’une vue exceptionnelle abandonnent très vite leur nichée lors d’une intrusion humaine à moins de 300 mètres de leur nid. Respectons-les et laissons-les couver en paix…

Dimanche 13 avril : ils couvent le plus souvent à l’abri des regards…

 Installée depuis l’an dernier sur une plateforme (voir rubrique 2013) et avec les apports de branches effectués à nouveau cette année par les deux rapaces, l’aire de ‘’02’’ et ‘’8Z’’ paraît devenue un peu plus large que par le passé. Il faut donc généralement être assez patient pour détecter un mouvement de tête ou d’aile garantissant que l’un d’eux est bien en train de couver, couché et caché à la vue au centre de la cuvette qu’ils y ont aménagée …

 A l’instar des années précédentes, les relais à la couvaison entre les deux partenaires sont particulièrement courts et le mâle en effectue une part non négligeable. Ce fut par exemple le cas cet après-midi durant lequel c’est lui qui a assuré la majeure partie de l’incubation de la ponte…

 En ce début de printemps doux et peu pluvieux, la Loire et les nombreux étangs du secteur présentent probablement des niveaux d’eau très favorables à la pêche, car la femelle ‘’02’’ est le plus souvent silencieuse, signe qu’elle est bien approvisionnée en poissons par son valeureux partenaire…

 En forêt d’Orléans, la période de couvaison bat maintenant son plein sur une bonne partie des nids de balbuzards, et c’est avec plaisir que nous avons constaté que ‘’Panchita’’ et son compagnon sont eux aussi entrés dans cette phase de leur reproduction…

 Avec quelques hérons et canards colvert, les grèbes huppés et les foulques continuent à fréquenter en petit nombre le Ravoir. Néanmoins, et peut-être à cause d’un niveau d’eau maintenu assez haut et peu favorable à l’émergence de supports permettant d’y construire un nid, les prémices d’une prochaine reproduction engagée et visible de l’observatoire par l’une ou l’autre de ces espèces tardent à venir… 

Le spectacle de la nature est cependant toujours renouvelé, telle cette scène récente et peu ordinaire d’un canard colvert avalant en entier une belle grenouille près de la rive de l’étang…

Samedi 26 avril : des congénères agressifs et déterminés…

 Après le retour dès fin février et courant mars de la plupart des adultes déjà précédemment reproducteurs, c’est apparemment avec un temps de retard que d’autres balbuzards investissent la forêt d’Orléans. Le baguage effectué depuis 1995 en région Centre par Rolf Wahl a permis de déterminer que beaucoup de ces ‘’retardataires’’ sont des jeunes oiseaux qui atteignent leur maturité sexuelle et reviennent pour la première fois tenter de se reproduire dans la région où ils sont nés (comportement appelé Philopatrie très répandu chez les balbuzards). Agés généralement de trois ou quatre ans, ils cherchent alors à s’installer sur un site de nidification, et les tentatives visant à évincer d’une aire ancienne ses occupants habituels font partie des stratégies qu’ils développent pour essayer d’y parvenir…

 C’est donc principalement à partir d’avril, puis tout au long de la saison de reproduction, que les adultes en pleine activité de couvaison ou d’élevage d’une progéniture doivent fréquemment faire face à ces perturbateurs parfois très déterminés.

 Installés sur un nid à l’évidence très convoité par les balbuzards de par sa situation privilégiée (position dominante et bien dégagée sur une rive d’un étang très attractif, fleuve Loire peu éloigné, zone assez tranquille…), ‘’02’’ et ‘’8Z’’ doivent donc fréquemment réaffirmer leur dominance territoriale sur le Ravoir…

 Ce fut le cas de façon très spectaculaire l’après-midi du 24 avril, quand deux de leurs congénères apparemment en couple sont venus les provoquer et les affronter à deux reprises pendant près d’une heure (voir dans la galerie photos un montage de vidéos réalisées en digiscopie par Francis Couton lors de ces confrontations).

 Très déterminés et agressifs, les deux intrus allaient jusqu’à raser en vol, serres ouvertes projetées en avant, la pauvre ‘’02’’ qui, relevée de sa couvaison mais sans jamais prendre son envol, avait bien du mal à éviter les attaques… Par moments, l’un d’eux n’hésitait également pas à se poser quelques instants tout près du nid sur une des deux branches qui le jouxtent, provoquant alors un élan de la femelle pour le chasser… C’est lors de ces courtes stations que la bague de couleur orange que portait sur la patte gauche cet oiseau à pu être décodée, indiquant qu’il s’agissait d’un jeune mâle né en 2010 sur le massif forestier…

 Quant à ‘’8Z’’, c’est en vol, en poussant de brefs et puissants cris aigus mais sans montrer une très forte agressivité, qu’il a fini par éconduire définitivement ses deux adversaires.

 Espérons que la couvée n’aura pas souffert de cet épisode épique et ne pâtira pas non plus des suivants qui ne manqueront probablement pas de se renouveler… 

Ailleurs en forêt d’Orléans, un couple de balbuzards reformé dès le 27 février vient de commencer les tous premiers nourrissages d’un jeune déjà né. S’ils parviennent à ce stade malgré les perturbations qu’ils subissent, ‘’02’’ et 8Z devraient nous offrir ce spectacle vers la mi-mai…

Mardi 6 mai : quelle rapidité dans les relais à la couvaison !

 En forêt domaniale d’Orléans, un deuxième couple vient à son tour de voir naître son premier poussin et de commencer à le nourrir. Cet évènement devrait se généraliser dans le courant du mois de mai pour ceux qui auront réussi à mener à terme la délicate et laborieuse période de couvaison…

 Pour ‘’02’’ et ‘’8Z’’, et s’ils n’ont pas été trop perturbés par les intrusions de certains de leurs congénères ‘’étrangers’’, cette échéance devrait arriver vers le 14 du mois. Nous avons en effet encore observé plusieurs de ces intrusions, un mâle allant même le 1er mai jusqu’à se poser un instant sur le nid à côté de la femelle qui couvait…

 En attendant et en dehors de ces périodes agitées, l’assiduité et le zèle dont ils font preuve pour se remplacer très rapidement pour assurer l’incubation de leurs œufs sont remarquables…

 Il suffit en exemple de regarder dans la galerie photos le montage vidéo de l’un de ces relais ayant eu lieu dans l’après-midi du 5 mai, après un apport de poisson partiellement consommé par le mâle. Il ne manque à ce montage chronologique de trois petites vidéos que très peu de temps pour relater la totalité de l’action qui ne dépasse pas 50s…

 Espérons que nous pourrons annoncer dans une huitaine de jours qu’ils ont obtenu la récompense que méritent cette abnégation et cette complémentarité… 

A noter également qu’à l’étage inférieur du nid des rapaces, les bergeronnettes en sont déjà au stade de l’élevage de ce qui doit être leur première nichée. On les voit en effet depuis quelques jours aller et venir autour de l’aire, le bec chargé d’un amalgame d’insectes…

Mercredi 14 mai : une des toutes premières becquées observée en mauvaise visibilité…

 Ce matin, de grosses nappes de brouillard se déplaçaient lentement au dessus de l’étang du Ravoir, rendant le nid des balbuzards à peine visible à notre arrivée à l’observatoire… C’est dans cette froide ambiance que nous avons constaté un peu plus tard avec plaisir qu’au moins un poussin venait d’y naître…

 ‘’8Z’’ est tout d’abord apparu subitement sur l’aire vers 9H00. Venant probablement d’apporter un poisson, il s’est aussitôt mis en demeure de donner la becquée à ‘’02’’ restée couchée. Quelques minutes plus tard, elle s’est relevée pour manger seule, et nous l’avons alors vue se pencher plusieurs fois pour présenter à un poussin quelques fragments de nourriture. Après cette courte séquence de nourrissage, elle est allée se percher dans un pin proche du nid, permettant au brave mâle de venir aussitôt se coucher pour couver. Il n’a hélas pu profiter plus de cinq minutes de ce qui devait être pour lui une aubaine, car comme c’est généralement la règle chez les balbuzards dès qu’un poussin est né, la femelle est vite revenue assurer elle-même le réchauffement de la nichée.

 Cet épisode n’aura duré en tout et pour tout qu’une vingtaine de minutes, accompagné des allées et venues virevoltantes des bergeronnettes grises qui nourrissent elles aussi leur progéniture dans la partie inférieure de l’aire des rapaces.

 Espérons que cette année, les visiteurs venant à l’observatoire admirer le couple de balbuzards le verront nourrir deux ou trois jeunes…

 C’est dans environ trois semaines que nous devrions pouvoir le vérifier… 

Dimanche 25 mai : une nichée bien protégée…

 La plupart des couples de balbuzards se reproduisant en forêt d’Orléans et sa périphérie élèvent maintenant des jeunes. Les intempéries de la semaine écoulée n’ont hélas pas facilité la tâche des femelles qui doivent faire preuve d’une abnégation sans faille pour assurer leur survie dans les jours qui suivent leur naissance…

 Depuis celle de son premier poussin et comme ses congénères, ‘’02’’ a du en effet passer beaucoup de temps couchée sous la pluie, et même parfois la grêle, pour protéger et réchauffer une nichée encore très fragile. Ce n’est que lors des accalmies qu’elle a pu la nourrir et s’octroyer quelques excursions hors de son nid pour aller rapidement se dégourdir et se toiletter…

 Le mâle ‘’8Z’’ assure comme à son habitude un approvisionnement régulier en poissons. Nous l’avons vu hier apporter une belle prise qui est restée ensuite en réserve sur le nid pour une future becquée…

 En dehors de ses expéditions de pêche, il ne stationne jamais bien loin de l’aire, complétant ainsi la surveillance assurée en permanence par ‘’02’’ sur leur progéniture qui bénéficie ainsi de soins particulièrement attentionnés. De combien de poussins est-elle composée ? Nous espérons bientôt le savoir car à ce jour, aucune petite tête n’a pu être aperçue dépassant le dessus des branches qui constituent la barrière périphérique du nid…

 Quant à ‘’Panchita’’, que ‘’02’’ avait évincée du Ravoir à son retour le 8 ou le 9 mars, elle élève elle aussi depuis quelques jours un ou des jeune (s) sur son aire de l’an dernier…

 En dehors de quelques intrusions de balbuzards étrangers qui mettent à chaque fois ‘’8Z’ et ‘’02’’ en émoi, c’est donc le calme qui règne le plus souvent sur l’étang. On peut regretter que son niveau maintenu assez haut soit peu propice à l’émergence de quelques souches qui permettraient à un ou deux couples de grèbes huppés ou de foulques d’y construire un nid…

 Le spectacle de la nature y est néanmoins fréquemment ravivé. Citons par exemple ce héron cendré qui passait lentement en arrière des aulnes en repousse devant l’observatoire, prêt à se détendre brusquement pour capturer une proie, ou ce faucon hobereau venu chasser à toute allure les insectes au ras de l’eau…  

Aujourd’hui en fin d’après-midi, quatre biches sont venues brouter et s’abreuver près d’une rive de l’étang. La plus grande, qui semblait diriger le groupe, avait le ventre bien gonflé. Elle s’isolera probablement rapidement de cette petite harde pour renouveler elle aussi la vie…

Jeudi 5 juin : un descendant unique pour ‘’02’’ et ‘’8Z’’…

 En tout début d’après-midi et sous un soleil enfin revenu, c’est le calme qui régnait sur l’étang du Ravoir, à peine interrompu un instant par le passage bruyant de deux hérons se chamaillant en vol…

 Après y avoir apporté une touffe d’herbe, ‘’02’’ trônait sur la droite de son aire. A sa gauche, c’est la tête d’un poussin qui apparaissait fréquemment au dessus des branches. Perché un peu en contrebas juste devant le nid, ‘’8Z’’ faisait sa toilette. Plus tard, il s’est envolé pour aller se poser sur la branche d’un pin proche, puis a disparu…

 Durant la longue attente qui a suivi, ‘’02’’ a replacé quelques branches pour renforcer la barrière de protection destinée à éviter une chute à son rejeton. Elle lui a ensuite prodigué une ombre salvatrice en se plaçant devant lui, dos au soleil et ailes légèrement écartées.

 C’est peu après 17H00 que le mâle est réapparu, lesté d’un poisson entier qu’il a apporté à la femelle. Lors de la becquée aussitôt dispensée, on pouvait percevoir à travers les branches supérieures de l’aire que ‘’02’’ ne nourrissait qu’un seul petit bec…

 Après celles qui ont été effectuées ces tous derniers jours, cette observation confirme que le couple emblématique du Ravoir n’élève à nouveau cette année qu’un jeune. Bénéficiant ainsi en totalité des soins prodigués par des parents zélés et expérimentés, sa croissance devrait se dérouler de façon optimale… 

En soirée, ce sont deux poussins qui ont pu être rapidement observés ensemble sur l’aire de ‘’Panchita’’. La présence d’un troisième n’y est cependant là pas encore à exclure…

Lundi 16 juin : macabre découverte sous le nid de ‘’02’’ et ‘’8Z’’…

 La visite à l’observatoire commencée en tout début d’après-midi ce lundi a progressivement été empreinte d’une forte inquiétude sur le sort du jeune élevé par ‘’02’’ et ‘’8Z’’. Encore observé bien vivant sur le nid la veille au soir, il restait invisible et c’est tout d’abord le comportement du mâle qui nous a semblé un peu étrange. Nous l’avons en effet observé projetant des matériaux hors de l’aire en y grattant le fond avec énergie, et sans que le jeune qui devait logiquement s’y trouver se manifeste. Cela nous a paru anormal car cette activité se déroule généralement pour préparer le nid avant la ponte, mais pas à ce stade de la reproduction…

 C’est ensuite la femelle qui est venue apporter plusieurs branches sur le nid, se déplaçant beaucoup pour les disposer sans que cela entraine encore le moindre mouvement visible de son petit. De plus en plus inquiétant…

 Les heures d’observation qui on suivi n’ont fait qu’amplifier le doute quant à la survie du jeune balbuzard, et c’est la visite effectuée en soirée sous l’aire qui a hélas confirmé qu’il était bien mort. Nous avons en effet découvert au sol son aile droite, détachée par un prédateur du reste de son corps qu’une prospection effectuée ensuite aux alentours n’a pas permis de retrouver…

 L’aile a été collectée par le Muséum d’Orléans pour y être examinée par des spécialistes. La zone dans laquelle elle était située paraissait intacte, sans trace de repas effectué à proximité par un prédateur. Il n’est donc pas possible à ce stade de déterminer si la prédation a eu lieu dans le nid, ou au sol après la chute du jeune oiseau… 

C’est donc avec tristesse que nous allons maintenant suivre jusqu’en fin de saison le comportement de ‘’02’’ et ‘’8Z’’, une nouvelle fois stoppés brutalement dans l’accomplissement de leur reproduction… Probablement perturbés et peut-être par frustration, ils semblent avoir entrepris de réaménager très vite leur aire…

Mardi 24 juin : un couple très attaché à son territoire…

 Trois jours après le constat de la mort du jeune élevé par ‘’02’’ et ‘’8Z’’, un grimpeur est monté examiner leur nid. Aucun reste du corps de l’oiseau ni aucun autre indice (poils ou fèces d’un prédateur par exemple) n’y a été trouvé. Seules, quelques plumes ont cette fois été découvertes au sol, à faible distance de l’endroit où l’aile avait été abandonnée après avoir été détachée du cadavre…

 L’état légèrement rongé du bout de l’humérus qui ressortait de l’aile permet de déduire que le prédateur était un carnivore, mais différentes hypothèses concernant la façon dont il s’est approprié le jeune oiseau restent ouvertes. Une martre est-elle allée le tuer ou le chercher dans l’aire ? Ce mustélidé ou un autre carnassier (renard, chat sauvage…), l’a-t-il simplement attrapé vivant ou trouvé mort après qu’il soit tombé au sol ? Nous ne le saurons jamais…

 Malgré ce nouveau coup du sort, le couple continue à occuper son site de reproduction. Il est seulement un peu moins visible car s’ils surveillent toujours leur nid, les deux rapaces le font à distance, posés sur différents perchoirs dont certains sont masqués par la végétation. C’est bien souvent au passage d’un congénère étranger qu’ils révèlent soudainement leur présence, venant alors sur l’aire pour la défendre, ou raccompagnant en vol l’intrus hors de leur territoire…  

Pour qui sait être patient, il est aussi à un moment ou un autre possible de les admirer devant l’observatoire, notamment quand ils viennent prendre un bain près d’une rive, puis se sèchent et se toilettent longuement sur un des piquets de l’étang. L’apport d’un poisson ou d’une branche sur le nid est également observable à tout instant, de même que l’attaque en vol d’une corneille ou d’une buse s’en étant trop approchée…

Mercredi 2 juillet : ‘’02’’ et ‘’8Z’’ transportent beaucoup de bois…

 Le mois de juillet est celui qui voit une grande partie des jeunes balbuzards nés en région Centre prendre leur premier envol. En forêt d’Orléans, ceux qui sont issus des premiers couples à s’être reproduits ont franchi cette étape cruciale pour la suite de leur existence dès la dernière semaine de juin…

 Sur le nid de Panchita, ce sont cette année trois jeunes qui ont été bagués le 26 juin. Ils se préparent maintenant à leurs premiers vols que nous devrions les voir effectuer dans quelques jours…

 Sur l’étang du Ravoir, on remarque depuis quelques temps que ‘’02’’ et ‘’8Z’’ transportent beaucoup de branches. Ils ont en effet entrepris de construire une ébauche de nid dans la partie sommitale et quasiment horizontale d’un grand pin situé à environ 170 mètres sur la gauche  de celui qui porte leur aire habituelle (voir photos dans la galerie photos).

 Les balbuzards accumulent souvent des branches sur leur aire après un échec. Cela leur permet peut-être de compenser la frustration qu’il génère et de continuer ainsi à exprimer leur instinct de reproduction. Parfois, ils construisent aussi dans le même secteur l’ébauche d’un nouveau nid. Il est possible que ce comportement soit lié entre autres causes à celle de l’échec (prédation, dérangements prolongés ou fréquents…), l’instinct leur dictant peut-être alors de changer d’emplacement pour leurs futurs cycles de reproduction… L’année suivante, ils peuvent alors s’installer sur le nouveau nid, ou revenir sur leur aire habituelle…

 N’oublions pas que ‘’02’’ et ‘’8Z’’ ont vu mourir ces deux dernières années l’unique jeune élevé sur le nid qu’ils occupent depuis 2008… C’est donc avec intérêt que nous allons suivre l’évolution de cette ébauche située sur un support qui paraît de loin (environ 380 mètres de l’observatoire) assez peu propice pour supporter le poids important d’une aire de balbuzards… 

Pour l’anecdote, cet emplacement avait été utilisé en 2011 par des corneilles pour y construire un nid sur lequel elles avaient élevé des jeunes. En 2012, c’est un couple de faucons hobereaux qui y avait échoué dans sa tentative de reproduction…

 Utilisant maintenant fréquemment un perchoir peu visible dans un pin situé sur la droite de cette ébauche, la femelle ‘’02’’ continue à surveiller et à défendre son territoire contre toute intrusion. Lundi dernier, elle a cependant mis une heure avant de se décider à venir chasser une femelle non baguée qui stationnait sur son nid actuel (voir vidéo-digiscopie). Auparavant, ‘’8Z’’ s’était posé près de l’intruse, lui tournant le dos ailes légèrement écartées, attitude typique qui semble destinée à attirer une femelle sur une aire…  

Les trois oiseaux ont ensuite volé de concert un moment, jusqu’à ce que ‘’l’étrangère’’ disparaisse…

Vendredi 18 juillet : vie tranquille près d’un nouveau nid qui prend de l’ampleur…

 Ce sont maintenant les derniers des jeunes balbuzards à être nés cette année en forêt domaniale d’Orléans qui commencent à voler. Les premiers-nés en sont eux au stade où ils vont bientôt réussir à capturer des poissons, ce qui les incitera à prendre rapidement leur autonomie et à partir en migration. La saison de reproduction s’avance…

 Quant aux trois juvéniles élevés par ‘’Panchita’’ et son partenaire non bagué, ils volent depuis environ 8 jours et mangent encore sur le nid. Leur émancipation n’est donc pas encore d’actualité…

 Sur le Ravoir, la vie s’écoule tranquillement pour ‘’02’’ et ‘’8Z’’. Entre de longues stations où ils restent soit cachés en arrière de la végétation, soit au contraire bien visibles sur les piquets de l’étang, ils continuent à apporter des branches sur l’ébauche de nid qu’ils ont commencé à construire après la mort de leur unique jeune (voir texte du 2 juillet). A l’évidence, c’est pour le moment cette nouvelle aire qu’ils privilégient pour continuer à exprimer leur instinct de bâtisseurs. Elle commence de ce fait à prendre de l’épaisseur...  

Notons également que c’est sur elle que ‘’8Z’’ offre maintenant des poissons à ‘’02’’. Il faut cependant être très patient pour assister à l’un de ces apports, car il semble maintenant attendre longtemps avant de céder aux longues séries de cris aigus que pousse la femelle quand la faim la tenaille…

Lundi 11 août : ‘’8Z’’ semble refaire la cour à ‘’02’’…

 Les uns après les autres, les jeunes balbuzards nés en forêt d’Orléans prennent leur autonomie et disparaissent de leur site de reproduction  pour entreprendre en solitaire leur premier périple migratoire. Grâce au baguage, certains seront peut-être localisés sur des lieux propices à une halte (côtes atlantiques du sud-ouest de la France, rives ou estuaires des fleuves de la péninsule ibérique…). Ce voyage en emmènera beaucoup jusque dans les zones sub-sahariennes de l’ouest africain. Là, sur des secteurs favorables à la pêche, la plupart des survivants attendront l’âge de trois ou quatre ans pour revenir le plus souvent dans la région où ils sont nés et tenter eux-mêmes de se reproduire…

 Bien que probablement sur le point de prendre eux aussi leur indépendance, les trois jeunes élevés par Panchita étaient encore hier regroupés près de leur nid. Invisible depuis fin juillet, leur mère semble par contre avoir déjà quitté les lieux, les laissant ainsi totalement à charge de leur père. Les naturalistes du nord de l’Espagne qui l’avaient capturée et baguée en février 2011 dans l’estuaire du fleuve EO ne tarderont donc peut-être pas à la revoir, stationnant à nouveau dans ce secteur qu’elle fréquentait déjà les hivers précédents…  

 Sur le Ravoir, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ sont eux toujours bien présents. On remarque depuis quelques jours que s’ils continuent à fréquenter l’ébauche d’un nouveau nid élaborée après la mort de leur unique jeune, ils manifestent à nouveau de l’intérêt pour leur aire habituelle. C’est maintenant souvent perchée juste à côté d’elle que ‘’02’’ crie longuement pour inciter le mâle à lui apporter un poisson et ce matin, c’est lui qui y déposait une nouvelle branche…

 On remarque par ailleurs que lorsqu’ils se retrouvent ensemble sur l’une ou l’autre de ces aires, ‘’8Z’’ adopte une attitude que l’on observe le plus souvent en début ou en cours de saison de reproduction lorsqu’un mâle encore esseulé paraît essayer d’attirer une femelle sur un nid. Il lui tourne alors le dos, se tenant corps incliné en baissant un peu la tête, ailes et queue légèrement écartées (voir vidéo). Bien qu’elle se manifeste vis à vis de sa femelle habituelle, cette attitude stéréotypée du mâle est peut-être destinée à maintenir l’attrait de la belle pour le site qu’il affectionne en perspective d’un nouveau partenariat l’an prochain…

 Sur l’étang, et bien qu’aucun nid n’ait été observé devant l’observatoire, on remarque la présence d’un couple de grèbes huppés accompagnés d’un jeune déjà assez gros. Ses pépiements insistants pour leur réclamer pitance se confondent parfois avec les cris de ‘’02’’ lorsqu’elle est perchée invisible au loin et réclame un poisson à ‘’8Z’’… 

De temps en temps, ce sont les cris puissants et répétés d’un faucon hobereau qui se font entendre. Un de ces élégants petits rapaces stationne souvent perché dans le pin de la rive gauche qui s’avance le plus vers l’étang. Il est probable qu’un couple soit installé et élève des jeunes dans l’un des grands arbres situés dans cette zone, car tout autre rapace s’en approchant subit aussitôt les attaques en piqués de l’une ou l’autre des ces flèches volantes. Nos chers balbuzards n’y échappent pas et l’autre jour, c’est un aigle botté qui se retournait brusquement en vol pour parer ces attaques et présenter ses serres au petit assaillant…

Lundi 25 août : ‘’8Z’’ déjà redevenu célibataire ?

 En cette fin août, certains mâles balbuzard n’en ont toujours pas fini avec l’apport de poissons à leur progéniture. On note en effet que quelques uns des jeunes nés en forêt d’Orléans et sa périphérie mettent du temps à acquérir leur autonomie et réclament encore pitance à leur père nourricier en criant à proximité du nid sur lequel ils sont nés… 

C’est notamment le cas pour l’un des trois juvéniles élevés par ‘’Panchita’’. Il trônait encore cet après-midi près de son aire, attendant que son géniteur lui procure un énième repas, environ un mois et demi après son premier envol…

 Quant à sa mère, nos amis espagnols ne l’ont pas encore localisée revenue sur son site habituel d’hivernage situé au nord de la péninsule ibérique. Il n’est pourtant pas très éloigné au regard de la capacité des balbuzards à effectuer d’une seule traite des vols au très long cours. Elle s’attarde peut-être sur un site favorable à la pêche, prenant des forces avant d’entreprendre réellement ou de poursuivre son périple migratoire…

 Comme elle, et bien souvent avant que leur progéniture soit devenue autonome, plusieurs femelles semblent s’être éloignées dès fin juillet ou début août du site sur lequel elles se sont reproduites…

 Sur l’étang du Ravoir, et alors qu’elle nous avait habitués à pouvoir l’observer les années précédentes jusque début septembre, la femelle ‘’02’’ paraît avoir elle aussi quitté les lieux. Cela fait en effet plus d’une semaine qu’elle ne s’est pas montrée devant l’observatoire et qu’on ne l’entend plus crier comme elle le faisait avec insistance pour inciter le brave ‘’8Z’’ à lui apporter un poisson. Le mauvais temps et la répétition d’un échec à la reproduction ont peut-être contribué à anticiper un peu cette année le déclenchement de son départ en migration automnale…

 Le mâle ‘’8Z’’ est lui toujours présent, mais il faut parfois être bien patient pour le voir apparaître. Hier après-midi, c’est avec un beau poisson entamé dans les serres que nous l’avons vu survoler seulement un instant l’étang avant d’aller se percher invisible derrière des grands pins. N’ayant plus d’autre bec à nourrir que le sien, il est probable qu’il aura ensuite attendu sur ce perchoir que la faim revienne et d’avoir consommé en totalité cette prise avant de se montrer à nouveau… Aujourd’hui par contre, il est resté perché juste à côté de son nid habituel une bonne partie de l’après-midi… 

Il se confirme qu’un couple de faucons hobereaux s’est bien reproduit dans le secteur. Les jeunes sont maintenant volants et on peut de temps en temps les apercevoir voler ou se percher dans les grands pins situés de part et d’autre du chemin qui mène à l’observatoire. Ce sont malgré tout le plus souvent les cris puissants qu’ils poussent pour être nourris par les adultes qui signalent leur présence… 

Depuis quelques temps, on remarque sur l’étang une forte concentration de canards colvert et leurs cris deviennent parfois assourdissants. L’ouverture récente de la chasse à certains gibiers d’eau n’est sans doute pas étrangère à l’arrivée massive de ces oiseaux sur un site où elle n’est pas autorisée…

Lundi 15 septembre : quand ‘’8Z’’ mettra-t-il le cap vers le sud ?

 Au cours de la première quinzaine de septembre, ce sont seulement quelques balbuzards mâles adultes qui ont encore pu être observés ponctuellement près de leur nid en forêt d’Orléans… Ce fut notamment le cas le neuf du mois pour le partenaire de ‘’Panchita’’, dont nos amis espagnols ont pu vérifier récemment qu’elle était bien arrivée dans l’estuaire du fleuve EO qui constitue son lieu habituel d’hivernage… Apparemment, et comme c’est souvent le cas chez ces oiseaux, la séparation du couple était effective bien avant l’émancipation des jeunes car nous n’avions plus vu cette femelle depuis fin juillet…

 Comme les années précédentes, le mâle ‘’8Z’’ sera probablement un des tous derniers balbuzards de la forêt à partir en migration. Il s’y prépare tranquillement car on le voit stationner parfois longtemps perché en bordure de l’étang du Ravoir dont on a pu remarquer qu’il a été mis depuis quelques temps en vidange lente. La baisse du niveau d’eau semble lui favoriser une bonne constitution de réserves sans dépense d’énergie inutile car nous l’avons vu à plusieurs reprises pêcher sur place, et c’est souvent avec la gorge bien gonflée qu’il apparaît. Il devrait entamer son voyage en super forme…

 La défense du territoire est toujours pour lui d’actualité et le Ravoir ne peut constituer en sa présence un lieu de halte migratoire prolongée à tout balbuzard mâle étranger venu du nord… Il en a notamment fait la démonstration le 13 septembre en début d’après-midi quand un congénère est apparu pour entamer une action de pêche en vol au dessus de l’étang. ‘’8Z’’ est alors arrivé en poussant des ‘’coups de sifflet’’ puissants, puis a éconduit l’intrus en volant un bon moment avec lui. Il est ensuite allé se percher près de son nid habituel pour entamer une digestion que sa gorge particulièrement gonflée annonçait prolongée…

 Les faucons hobereaux agressifs qui défendaient le secteur englobant la rive gauche opposée à l’observatoire semblent être maintenant partis après avoir mené à l’émancipation leurs jeunes. ‘’8Z’’ réutilise donc depuis quelques temps le perchoir qu’il affectionne dans le pin de cette rive qui s’avance le plus vers l’étang, et sur lequel on peut particulièrement bien l’admirer.

 On peut donc espérer faire de belles observations en continuant à venir à l’observatoire lors de la deuxième quinzaine de septembre. Ce mois étant encore celui de la migration pour de nombreux oiseaux, la surprise de trouver sur l’étang ou de voir s’y arrêter quelque (s) voyageur (s) ailé (s) dont l’observation est inhabituelle sur le site est toujours possible… 

Citons en exemple l’apparition le 8 septembre en fin d’après-midi d’un pygargue à queue blanche qui est allé se percher au loin dans le dernier chêne visible de la rive droite. C’est la panique qu’elle a déclenchée chez les canards et les foulques qui nous a signalé son arrivée. Nous tournant malheureusement le dos et presque complètement masqué par les feuilles de l’arbre, l’imposant rapace est resté sur son perchoir une vingtaine de minutes avant de s’envoler et de disparaître au fond de l’étang. Après leur mouvement de panique, tous les oiseaux d’eau étaient devenus silencieux et invisibles pendant la présence de cet aigle puissant aussi bien pêcheur que chasseur ou charognard…

Lundi 29 septembre : squatters inattendus sur des nids de balbuzards en fin de saison…

 C’est le 15 septembre que nous avons observé pour la dernière fois le mâle ‘’8Z’’. Il était perché à côté de son nid habituel. Comme sa partenaire ‘’02’’ un mois avant lui, il semble donc avoir quitté l’étang du Ravoir un peu plus tôt que les années précédentes… Souhaitons qu’après avoir passé sans encombre la période hivernale, ces deux oiseaux se retrouveront à nouveau en mars prochain sur leur site de reproduction. Espérons également que le mauvais sort qui frappe trop souvent ce couple s’estompera et qu’il pourra alors élever jusqu’à émancipation un ou plusieurs jeunes, comme ce fut le cas en 2008 et de 2010 à 2012…

 Comme celui du Ravoir, les autres nids de balbuzards situés en partie est de la forêt d’Orléans nous ont paru assez rapidement désertés par les quelques mâles qui étaient encore présents en début de mois…

 C’est probablement cette défection apparente qui nous a permis d’observer à plusieurs reprises en septembre sur d’eux d’entre eux la présence insolite de jeunes aigles bottés. Comme ceux des balbuzards, mais visiblement un peu plus tard en saison, les juvéniles de cette  espèce bien représentée en forêt d’Orléans semblent rester cantonnés plusieurs semaines dans le secteur de l’aire sur laquelle ils sont nés avant de prendre leur autonomie et de partir en migration. Durant cette période, ils poussent souvent de longues séries de cris sifflants en attendant perchés l’apport d’une proie par un adulte.

 Le nid de l’aigle botté n’est généralement pas construit en situation dominante comme celui des balbuzards et est de taille bien inférieure. On peut donc supposer que lorsqu’il est proche et devenu vacant, ce dernier constitue par sa largeur et sa hauteur un poste idéal d’attente et de repos pour les jeunes, ce qui expliquerait ces observations plaisantes et inattendues… C’est peut-être aussi dans le but d’exercer ses serres à la préhension qu’un de ces apprentis chasseur semblait ‘’jouer’’ avec les branches que contenait celui qu’il squattait le 8 septembre (voir vidéo)…

 Notre dernière observation de l’un des juvéniles de cette petite espèce d’aigle date du 24 septembre… Après celui de ‘’02’’ et ‘’8Z’’, le départ probable en migration de ce jeune rapace nous incite à conclure cette rubrique pour l’année 2014. Nous la réactiverons dès l’apparition l’an prochain des tous premiers balbuzards revenant tenter de se reproduire en forêt d’Orléans.

 C’est peut-être ‘’Panchita’’ qui détiendra à nouveau la palme du retour le plus précoce…

 Nous espérons que vous serez à nouveau nombreux à nous lire pour le savoir… 

Au revoir et à bientôt !