8Z PERCHE                                 

                  Bienvenue pour la nouvelle saison 2015, par Gilles Perrodin.    

                                                                                                                                                                                                                                                                                

  

 

Mercredi 18 février : nous les attendons…

   La période des retours de migration approche pour les balbuzards et l’an dernier, c’est ‘’Panchita’’ qui l’avait ouverte exceptionnellement tôt en forêt d’Orléans en fréquentant le Ravoir dès la mi-février (voir rubrique 2014). Si elle arrive encore en avant-garde cette année, ce sera peut-être près de son nid que nous la localiserons pour la première fois car l’étang n’est probablement pas très attractif actuellement pour un balbuzard. Des travaux de réparation au niveau de son écoulement ont dû être effectués après sa vidange complète en décembre 2014 et il ne devrait être remis en remplissage que dans les tout prochains jours… 

   Comme ils arrivent généralement au début de la deuxième décade de mars, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ le retrouveront eux peut-être déjà bien rempli si comme nous l’espérons ils reviennent sains et saufs de leur villégiature hivernale…

   Rappelons que l’an dernier, le seul jeune à qui ils avaient donné naissance était mort à l’âge d’environ 33 jours et que l’on avait seulement retrouvé une de ses ailes au sol (voir rubrique du 16 juin 2014) … Rien n’indique que ce fut la cause de sa fin tragique, mais afin d’éviter désormais tout risque potentiel de prédation dans l’aire par un carnivore (martre notamment…), des manchons lisses ont été installés sur le tronc du pin porteur du nid et de celui qui en est très proche…

   Signalons également que le rapport d’autopsie concernant la mort du précédent jeune que le couple avait élevé en 2013 (voir rubrique du 8 juillet 2013) nous a été communiqué par le Muséum d’Orléans (consultable dans la galerie photos). Il révèle que l’oiseau juvénile présentait deux blessures par perforation sur la poitrine, mais qu’elles n’étaient pas suffisamment graves pour en conclure qu’elles ont pu être la seule cause possible de son décès… Ce rapport sera éventuellement complété par les résultats d’analyses toxicologiques effectuées sur son cadavre quand ils auront été étudiés par les spécialistes.

    Il est à noter enfin qu’il ne reste presque plus rien de la nouvelle aire que ‘’02’’ et ‘’8Z’’ avaient commencé à construire en fin de saison dernière sur la cime très inclinée et très souple d’un pin situé à environ 170m de celle qu’ils occupent ensemble depuis 2008. On peut espérer qu’à leur retour, ils ne tenteront pas de la reconstituer sur cet emplacement peu fiable et adopteront encore leur nid habituel pour tenter de se reproduire à nouveau. Il est lui sur une assise qui a été sécurisée début mars 2013 et en parfait état pour les accueillir…

    A bientôt dès l’observation des premiers arrivants…

Vendredi 27 février : ‘’Panchita’’ est revenue d’Espagne…

   C’est d’abord la présence d’un balbuzard tenant dans ses serres un poisson et venant se percher sur un gros pin au bord de l’étang du Ravoir qui nous été signalée en début d’après-midi par un visiteur habituel de l’observatoire. Harcelé par les corneilles, il avait rapidement repris son essor pour disparaître vers le fond de l’étang. La description faite de l’oiseau correspondait à celle d’une femelle et compte tenu de son apparition encore plus précoce l’an passé, une visite du nid de ‘’Panchita’’ s’imposait… Elle fut couronnée de succès puisque c’est effectivement elle que nous avons retrouvée un peu plus tard, finissant un repas perchée à proximité de son aire habituelle. Malgré la grande distance d’observation, nous avons pu rapidement vérifier son identité par la lecture du code ‘’82’’ gravé sur la bague jaune qu’elle porte sur la patte droite.

   Rappelons qu’en 2014, elle avait tenté de s’approprier le nid visible de l’observatoire apparemment très attractif avant de s’en faire évincer le 9 mars à l’arrivée de la femelle ‘’02’’ (voir rubrique 2014). Son comportement sera donc encore cette fois intéressant à observer avant le  retour espéré du couple du Ravoir et de son partenaire habituel…

  Avant eux, d’autres ne devraient pas tarder à être observés…

Mardi 3 mars : la saison des retours est bien lancée…

 Après avoir été mis en remplissage il y a une dizaine de jours, l’étang du Ravoir approche rapidement de son niveau d’eau optimal. On y revoit déjà quelques canards colvert, hérons et grèbes huppés…

 Depuis qu’elle est revenue du nord de l’Espagne, ‘’Panchita’’ semble y passer plus de temps que près de son nid habituel… Elle trônait par exemple ce matin perchée sur une branche juste à côté de l’aire visible de l’observatoire, et elle mangeait un beau poisson sur ce même perchoir samedi après-midi. Elle n’est partie ce jour là qu’après qu’une corneille très effrontée soit venue la narguer de très près dans le nid… (Voir vidéo dans la galerie photos).

 Comme en 2014, ‘’Panchita’’ semble donc après son retour précoce très attirée par l’étang et son aire particulièrement bien située… Il est fort probable que pour la deuxième année consécutive, la femelle ‘’02’’ lui rappellera les lois de la propriété lorsqu’elle arrivera comme nous l’espérons dans quelques jours…

 Après ‘’Panchita’’, trois autres balbuzards ont déjà été observés arrivés en forêt d’Orléans. Deux composent le couple qui avait été le premier parmi ceux que nous connaissons à se reproduire l’an dernier. Formé d’une femelle baguée et d’un mâle non bagué, il occupait déjà son aire le 1er mars (le 27 février en 2014). Le mâle est un habitué du Ravoir qu’il fréquente chaque année avant le retour de ‘’8Z’’, mais la femelle a profité hier après-midi d’une absence de ‘’Panchita’’ pour l’y accompagner. Elle est venue se baigner puis se sécher loin devant l’observatoire, tandis que son partenaire a fini de manger un poisson perché sur un piquet avant de s’adonner lui aussi à quelques ablutions (voir galerie photos). 

L’autre balbuzard déjà identifié est le mâle ‘’8R’’, adepte également des retours précoces et bien connu aussi par ses incursions sur le Ravoir dans le passé avant l’arrivée de ‘’8Z’’ (voir rubriques des années précédentes). Apparemment, il attendait encore ce matin l’arrivée de sa femelle habituelle ‘’8V’’. Ces rapaces faisant souvent preuve d’une belle régularité dans leurs dates de retour de migration, elle ne devrait plus tarder si elle a passé sans encombre la période hivernale…

Lundi 9 mars : une idylle ‘’extraconjugale’’ qui se prolonge…

 Depuis quelques jours, nous avions remarqué que ‘’Panchita ‘’ mettait en émoi le mâle ‘’8R’’ en allant fréquemment le retrouver sur son aire située à quelques kilomètres du Ravoir. C’est en effet là que nous la trouvions chaque matin, puis elle réapparaissait l’après-midi sur l’étang, parfois suivie par le valeureux mâle… Nous supposions que la séductrice se faisait ainsi offrir des repas et nous ne l’avions pas encore vue accepter les accouplements que ‘’8R’’ tentait fréquemment de lui imposer…

 Hier matin, et avec un peu de retard par rapport aux années précédentes, la femelle habituelle de ‘’8R’’ était enfin observée arrivée sur son nid, rejointe peu après par le mâle venu chasser des corneilles effrontées qui rôdaient… Ce couple déjà ancien semblait donc reconstitué et nous pensions que l’idylle naissante entre ‘’Panchita’’ et ‘’8R’’ était terminée…

 Nous n’avons pu que constater qu’il n’en est rien, et que malgré le retour de la femelle ‘’8V’’ avec laquelle il s’est reproduit chaque année avec succès depuis 2006, ce mâle est toujours très attiré par l’aire visible de l’observatoire et sa  jeune occupante actuelle… Il est en effet venu hier vers 16H30 se baigner sur l’étang avant de lui tenir longtemps compagnie et qu’elle accepte cette fois un accouplement… Aujourd’hui, il est arrivé vers 15H30 avec un poisson dont il a mangé la tête avant de le lui offrir sur le nid… Pendant ce temps, la femelle ‘’8V’’ apportait quelques nouvelles branches sur son aire… 

Nul doute que le comportement du mâle ‘’8R’’ sera intéressant à observer en fonction des changements de situation qui ne manqueront pas de se produire lors des retours espérés de ‘’02’’, ‘’8Z’’, et du partenaire habituel de ‘’Panchita’’…

Samedi 14 mars : ‘’02’’ et ‘’8Z’’ de retour sur leur territoire…

 Leurs nids respectifs des années précédentes étant situés loin de toute pièce d’eau, ‘’Panchita’’ et le mâle ‘’8R’’ semblaient ces derniers jours beaucoup apprécier de pouvoir se baigner à proximité immédiate de l’aire qu’ils s’étaient appropriée sur l’étang du Ravoir. Hélas pour eux, ce n’est vraisemblablement pas encore cette année qu’ils pourront apprécier ce confort tout au long de leur saison de reproduction…

 En tout début d’après-midi à notre arrivée à l’observatoire, une femelle criait fort dans le nid et il apparu en effet rapidement que ce n’était pas ‘’Panchita’’, mais probablement ‘’02’’… Après une heure d’attente, un mâle lui apporta un poisson déjà bien consommé et tandis qu’elle commençait à manger sur l’aire, il nous sembla également que ce n’était plus ‘’8R’’… Quand enfin plus tard chacun des deux oiseaux nous présenta ses pattes, il pu être vérifié par la lecture de leurs bagues de couleur que le couple emblématique de la forêt d’Orléans était à nouveau reformé sur le nid visible de l’observatoire…

 Baignade pour ‘’02’’, perchoirs habituels pour ‘’8Z’’, plusieurs accouplements déjà significatifs, c’était comme s’ils n’étaient jamais partis…

 Souhaitons leur pour cette année la fin d’une série noire en arrivant à élever jusqu’à l’envol un ou plusieurs jeunes…

 Quant à ‘’Panchita’’ et ‘’8R’’, probablement évincés du Ravoir hier au soir ou ce matin, nous ne les avons pas revus aujourd’hui. L’aire habituelle de la jeune femelle était déserte en soirée, et sur celle du mâle trônait son ancienne partenaire, apparemment toujours seule... Nous essayerons de savoir dans les prochains jours ce qu’ils sont devenus… 

A noter également qu’avec ‘’02’’ et ‘’8Z’’, quelques nouveaux arrivants ont été observés sur ou près de leur nid habituel, seuls ou en couple. La saison des retours de migration prénuptiale bat son plein...

Jeudi 19 mars : fin d’une aventure extraconjugale…

 L’attrait de l’étang du Ravoir avait probablement favorisé la constitution du couple temporaire formé par ‘’Panchita’’ et ‘’8R’’ sur le nid visible de l’observatoire. Nous avons en effet constaté qu’après s’en être fait évincer le 14 mars, ils se sont séparés et chacun est retourné sur son aire de l’an passé…

 ‘’Panchita’’ mangeait hier matin un poisson à côté de la sienne, apparemment de nouveau seule en attendant le retour de son partenaire habituel non bagué qui ne devrait plus trop tarder maintenant…  Quant à ‘’8R’’, il a retrouvé comme si de rien n’était la femelle avec laquelle il s’est déjà reproduit pendant 9 ans ! Motivée par le retour du mâle dont elle acceptait les accouplements, celle-ci apportait de nouvelles branches et de l’herbe sur son nid. Pas de sentiment de jalousie chez les balbuzards…

 ‘’02’’ et ‘’8Z’’ ne perdent pas de temps non plus pour perpétuer à nouveau l’espèce. Entre baignades, transports de branches et apports de poisson, ils s’accouplent fréquemment. L’exercice est toujours acrobatique pour le mâle qui doit fermer ses serres sur le dos glissant de la femelle pour ne pas la blesser et maintenir son équilibre en battant des ailes pour réussir le croisement des queues nécessaire à la copulation... Accompagnées de gloussements spécifiques poussés par le mâle, les tentatives se répètent de nombreuses fois jusqu’à la ponte, mais beaucoup n’aboutissent pas… 

Ailleurs en forêt d’Orléans, les arrivées se succèdent et le nombre de couples formés augmente de jour en jour…

 A noter malheureusement que celui qui avait été le premier reformé dès le 1er mars a disparu de son aire habituelle sur laquelle la femelle aurait du commencer à pondre dans les tous prochains jours. Dérangement (s) prolongé (s) ou disparition de l’un des partenaires ayant peut-être provoqué le départ de l’autre, le mystère reste entier sur cette désertion… 

Signalons que l’étang du Ravoir a retrouvé maintenant son niveau d’eau habituel. Probablement empoissonné récemment, il semble de nouveau attractif pour une bande de hérons et aigrettes qui stationnent régulièrement depuis quelques jours sur ses rives. Ils ne manquent pas d’ajouter à leur menu les batraciens qui semblent avoir repeuplé très vite l’étang…

Dimanche 29 mars : ‘’Panchita’’ va-t-elle réapparaître ?

 Peut-être à cause des conditions météorologiques qu’ils rencontrent sur leur trajet migratoire, la période de retour prénuptial semble se prolonger cette année de façon inhabituelle pour certains balbuzards car plusieurs individus manquent encore à l’appel sur leur aire en forêt d’Orléans…

 Comme nous l’avons vu en début de mois avec ‘’8R’’ et ‘’Panchita’’, ces retards peuvent favoriser le ‘’vagabondage’’ ou la délocalisation de certains oiseaux encore en recherche d’un partenaire… C’est probablement ce qui se produit à nouveau pour cette femelle car nous ne l’avons plus observée depuis le 20 mars malgré des visites journalières à son nid sur lequel elle était revenue après s’être faite évincer du Ravoir par ‘’02’’…

 Est-elle en train de chercher à s’installer sur une autre aire en compagnie d’un nouveau compagnon, est-ce déjà fait ? Dans cette hypothèse, ce n’est que le retour d’une femelle légitime dont elle aurait pris la place ou celui du mâle avec lequel elle s’est reproduite ces deux dernières années qui pourrait l’inciter à revenir sur son site habituel de reproduction…

 Espérons que ce sera le cas ou que nous pourrons retrouver sa trace car nous serions bien tristes de ne plus l’observer et de ne plus pouvoir donner de ses nouvelles à nos amis espagnols qui l’ont baguée en février 2011 dans l’estuaire du fleuve EO…

 Sur l’étang du Ravoir, la préparation à la ponte et au début de couvaison continue pour ‘’02’’ et ‘’8Z’’. Comme les années précédentes, elle devrait commencer vers le 4 ou 5 avril… 

Dimanche 22 mars, le valeureux mâle nous a montré qu’il est toujours capable de pêcher du ‘’gros’’. Après une absence assez longue, il est en effet apparu vers 18H00 avec un poisson de taille très respectable. Eprouvant sans doute des difficultés à rester perché dans un pin tout en maintenant ce lourd fardeau sous l’œil envieux d’une corneille, il est finalement descendu sur une souche émergente de l’étang pour commencer à manger (voir vidéo de ce repas dans la galerie photos). Cette prise devait être à la limite de ses capacités de transport car il a semblé ensuite avoir de la peine à reprendre de la hauteur pour l’apporter à ‘’02’’ sur le nid…

Mardi 7 avril : ‘’02’’ et ‘’8Z’’ couvent…

 Comme les années précédentes, le mâle ‘’8Z’’ paraît très volontaire pour participer activement à la couvaison. Tandis que la femelle faisait sa toilette perchée à côté du nid, c’est en effet lui que nous avons trouvé cet après-midi couché sur le premier œuf probablement pondu en début de journée… A peine relevé, il est allé pêcher et une heure plus tard, il couvait à nouveau pendant que ‘’02’’ mangeait dans un pin…

 Avec d’autres, commence donc pour ce couple la délicate période d’incubation des œufs qui va s’étaler sur plus de 35 jours…

C’est l’occasion de rappeler que les balbuzards particulièrement sensibles aux dérangements humains ont besoin pour la mener à bien d’une totale tranquillité. Tout stationnement à moins de 300m d’un nid peut en effet provoquer l’abandon de la nichée et sa destruction par les prédateurs (corneilles notamment), ou sa mort rapide si elle rentre en hypothermie par manque de couvaison. Soyons donc tous, admirateurs de la faune aviaire, photographes ou simples promeneurs, attentifs à ne pas les déranger…

 Signalons par ailleurs que ‘’Panchita’’ fait toujours l’objet d’un ‘’avis de recherche’’ depuis qu’elle a été observée pour la dernière fois sur son ancien nid le 20 mars… Il était occupé ce matin par un nouveau couple d’oiseaux bagués et il est hélas fort probable qu’elle l’a définitivement délaissé pour aller rejoindre un partenaire quelque part en forêt domaniale ou en propriété privée…

 Quant au mâle ‘’8R’’ qui l’avait rejointe sur le Ravoir avant de s’en faire expulser le 14 mars par ‘’8Z’’, il est lui en train de couver pour la dixième année consécutive avec sa femelle habituelle… 

Ainsi va la vie des balbuzards…

Samedi 18 avril : ‘’Panchita’’ réapparaît et convole avec un nouveau partenaire…

 C’est le 7 avril que nous avons vu l’aire de ‘’Panchita’’ enfin réoccupée par un couple de balbuzards inconnus car tous les deux portaient une bague orange sur la patte gauche… Le lendemain, et après une absence apparente de plus de deux semaines, c’est ‘’Panchita’’ qui avait rejoint le mâle après avoir vraisemblablement chassé la femelle qui l’accompagnait la veille… On ne saura pas si c’est la présence de ce mâle sur son site habituel de reproduction qui l’a incitée à y revenir ou si elle a elle-même été chassée à ce moment d’un autre nid par une femelle ‘’légitime’’ arrivée tardivement… Quoi qu’il en soit, le plaisir fut grand pour nous de la revoir…

 Depuis, le couple qu’elle forme avec ce nouveau partenaire semble s’être bien consolidé et elle devrait commencer à pondre et à couver prochainement. Espérons que le mâle sera suffisamment mâture pour lui permettre de réussir une troisième reproduction consécutive sur son aire habituelle. L’optimisme prédomine car il paraît d’ores et déjà être un bon pourvoyeur de poissons…

 Sur le Ravoir, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ continuent à assurer l’incubation de leurs œufs. Contrairement aux années précédentes, ils ont semblé jusqu’à maintenant assez peu dérangés par l’intrusion de congénères sur leur territoire et semblent y couler des jours heureux...

 Les visiteurs se rendant à l’observatoire peuvent ainsi les observer prendre leurs longs bains près des rives ou au milieu de l’étang, se relayer toujours très rapidement à la couvaison et prendre leurs repas souvent bien visibles dans un pin situé à proximité de celui qui porte leur nid.  

Avec leurs évolutions et celles d’autres rapaces qui animent assez souvent en ce moment le ciel au dessus de l’étang, une visite à l’observatoire se justifie pleinement…

Vendredi 1er mai : ‘’Panchita’’ n’a pas trouvé cette année le mâle idéal…

 Le 18 avril, nous étions assez optimistes sur l’évolution vers une reproduction effective du couple qu’elle formait avec son nouveau partenaire. Hélas, cette perspective s’est avérée depuis de moins en moins probable…

 Ce mâle a paru en effet s’absenter assez souvent et anormalement longtemps après cette date… Comme nous ne connaissons pas son âge, on peut supposer qu’un manque de maturité est peut-être à l’origine de cette inconstance… Il est possible aussi que des dérangements humains en soient la cause car il nous avait semblé particulièrement méfiant les jours suivant son arrivée…

 Toujours est-il que probablement à cause du manque d’assiduité à ses côtés de ce nouveau compagnon, ‘’Panchita’’ semble elle-même en ce moment fréquenter de façon très irrégulière son aire habituelle…

 Espérons que même sans se reproduire, ces deux oiseaux arriveront à se cantonner ensemble de façon pérenne sur le site en vue d’une année 2016 plus faste…

 Sur le Ravoir, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ continuent à couver sereinement. Cet après-midi, c’est sous la pluie et dans une atmosphère saturée d’humidité que nous les avons vus se relayer très rapidement. Malgré ces conditions défavorables, la nichée est bien protégée et réchauffée !

 Nous avons remarqué qu’ils ont comme voisins sur l’étang un couple de corneilles qui couvent dans un nid construit au sommet d’un pin situé sur la rive gauche opposée à l’observatoire. Heureusement, l’éloignement suffisant entre les deux couples devrait éviter les incessants conflits de proximité que nous avions observés en 2012 lorsque deux de ces corvidés s’étaient reproduits sur un nid installé à une trentaine de mètres de l’aire des rapaces (voir rubrique 2012)… 

Les plus précoces des balbuzards de la forêt d’Orléans devraient voir naître leur premier poussin dans les tous prochains jours. Pour ‘’02’’ et ‘’8Z’’, cet heureux évènement devrait avoir lieu vers le 14 mai. Patience…

Vendredi 8 mai : rebondissement de situation pour ‘’Panchita’’…

 Depuis quelques jours, ‘’Panchita’’ semblait avoir à nouveau délaissé complètement son aire des années précédentes qui est maintenant fréquentée par une nouvelle femelle non baguée… L’explication de cette nouvelle désertion nous a été dévoilée il y trois jours quand nous l’avons retrouvée en train de couver avec un nouveau partenaire sur un nid situé à environ 7 kilomètres de celui qu’elle occupait depuis 2012…

 On peut supposer qu’elle avait déjà rejoint ce mâle et s’était accouplée avec lui lors de sa longue éclipse constatée après qu’elle se soit faite évincer du Ravoir le 14 mars par ‘’02’’ (voir épisodes précédents). Il est possible qu’elle éprouvait néanmoins encore un attrait pour son ancienne aire, ce qui l’a sans doute incitée à y revenir vers le 8 avril en constatant qu’elle était à nouveau occupée par un partenaire potentiel lui permettant de s’y reproduire une nouvelle fois cette année…

 Peut-être qu’à cause ensuite de la présence apparemment inconstante de ce mâle sur son ancien site de reproduction et la ponte approchant, elle a  finalement choisi d’aller rejoindre le partenaire le plus ‘’fiable’’ pour lui permettre de réussir à perpétuer une nouvelle fois l’espèce… Nous avons vu en effet ce nouveau compagnon couver pendant trois heures d’affilée, ce qui semble être un gage de maturité...

 C’est donc plus de deux mois après son retour très précoce de migration que ‘’Panchita’’ commence enfin à couver et après un début de saison particulièrement chaotique, sa situation paraît enfin stabilisée. Souhaitons lui maintenant de pouvoir mener à bien cette nouvelle tentative de reproduction…

 Quant au couple installé à présent sur son ancienne aire, il semble manquer de constance dans la préparation d’une reproduction qui si elle a lieu sera tardive…

 Signalons par ailleurs qu’après avoir rejoint sa partenaire habituelle suite à son éviction du Ravoir par ‘’8Z’’ le 14 mars, le mâle ‘’8R’’ vient de voir naître un premier poussin sur son nid des années précédentes… 

Dans environ une semaine, ce devrait être au tour de ‘’02’’ de donner ses toutes première becquées à une progéniture née sur l’aire visible de l’observatoire…

Vendredi 15 mai : une couvaison couronnée de succès…

 38 jours après avoir observé le début de la couvaison sur le nid emblématique de l’étang du Ravoir, nous avons vu aujourd’hui vers 14H00 la femelle ‘’02’’ donner une de ses toutes premières becquées à un poussin né depuis peu. Pendant ce temps, le mâle ‘’8Z’’ qui venait d’apporter le poisson assurait la surveillance, posé à côté d’elle sur la droite du nid vu de l’observatoire. Une corneille qui rôdait n’a d’ailleurs pas tardé à subir deux attaques en vol piqué qui l’ont incitée à s’éloigner…

 Après ce rapide repas dont elle s’est octroyée la plus grande part, ‘’02’’ s’est empressée de se recoucher pour réchauffer sa nichée.  

Espérons que comme de 2010 à 2012, ce couple verra ce premier rejeton devenir l’ainé d’une fratrie de deux ou trois jeunes capables dans sept à huit semaines de passer le cap fatidique du premier envol…

Dimanche 24 mai : une nichée bien nourrie qu’il nous tarde d’apercevoir…

 Se reproduisant ensemble pour la huitième année consécutive, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ font toujours preuve d’une parfaite entente et complémentarité pour élever leur (s) jeune (s). Dans les jours suivant l’observation des toutes premières becquées, c’est par exemple logiquement la femelle qui assurait la plus grande part du réchauffement de la nichée en la couvant, mais fait assez rare, nous avons vu plusieurs fois le mâle la remplacer à cette tâche quand elle s’octroyait un temps de toilette perchée dans un arbre ou une baignade dans l’étang…

 D’autres fois aussi pendant cette période, le brave ‘’8Z’’ a été observé donnant lui-même la becquée à sa progéniture, et même parfois à sa partenaire, ce qui n’est pas si fréquent pour un balbuzard mâle…

 Rien à dire non plus sur l’approvisionnement en nourriture, il assure ! Cet après-midi, il a notamment apporté deux poissons entiers aussitôt consommés et distribués en becquées à un ou plusieurs jeune (s) à l’évidence bien nourri (s)…

 Combien sont-ils ? Nous ne le savons pas encore, d’autant que probablement pour leur assurer un surcroît de sécurité, les adultes ne manquent pas en ce moment d’apporter de nouvelles branches en périphérie du nid. Difficile dans ses conditions d’espérer voir rapidement une ou plusieurs petite (s) tête (s) dépasser de l’aire, ou même d’essayer d’apprécier si ‘’02’’ présente des becquées dans des directions différentes. Patientons probablement encore 8 à 10 jours pour le découvrir…

 Au sommet d’un pin situé sur la rive gauche opposée à l’observatoire, le couple de corneilles a lui aussi réussi sa couvaison. Il élève à présent des jeunes qui commencent à être visibles à travers la végétation qui masque partiellement le nid. Très agressifs, les corvidés rappellent à l’ordre ‘’8Z’’ dès qu’il s’aventure dans cette zone… 

A quelques kilomètres de là, ‘’Panchita’’ continue à couver avec son nouveau partenaire, tandis que le couple qui fréquente actuellement son ancienne aire se contente apparemment de se l’approprier pour tenter de s’y reproduire l’an prochain…

Mardi 2 juin : on sait maintenant qu’ils sont au moins deux…

Nous pouvons en effet employer à présent le pluriel car cet après-midi, après l’apport d’une proie par ‘’8Z’’, nous avons pu voir distinctement deux petits becs bénéficier tour à tour des fragments du poisson présentés par ‘’02’’. A ce stade de leur croissance et compte tenu du ‘’mur’’ de branches que les adultes continuent à renforcer à la périphérie du nid, la présence d’un troisième n’est pas encore à exclure…

 Faisant preuve d’un total dévouement à la protection de sa progéniture, ‘’02’’ passe la majeure partie de son temps sur le nid. Quand le soleil devient ardent, elle lui tourne le dos pour faire de l’ombre à ses jeunes, et lorsque les températures matinales s’abaissent, elle se couche tant bien que mal sur eux pour les réchauffer.

 Semblant épuisée par tant d’abnégation, elle se laisse assez souvent aller à de courtes somnolences, sa tête paraissant alors bien lourde…

 Elle n’est toutefois pas longue à réagir à la moindre alerte, chassant alors avec énergie tout rapace ou corvidé qui s’approche un peu trop près de l’aire.

 Devenues assez fréquentes ces derniers jours, les intrusions de congénères étrangers sur son territoire la mettent aussi en émoi. Citons par exemple cet après-midi l’apparition d’un mâle qui est venu se laver les pattes en rasant l’eau de l’étang, avant de rôder avec insistance autour du nid. Ce n’est qu’au retour de pêche de ‘’8Z’’ qu’il s’est décidé à quitter le perchoir sur lequel il stationnait ensuite crânement à une centaine de mètres de l’aire… 

Sur le nid de ‘’Panchita’’, la couvaison commencée probablement fin avril continue. Sera-t-elle couronnée de succès ?...

Dimanche 7 juin : deux jeunes qui deviennent bien visibles…

 Comme les températures plus clémentes de ces deux derniers jours les ont rendus plus actifs et moins enclins à s’ombrager sous le corps de leur mère, nous avons pu vérifier que sauf surprise maintenant bien improbable, ce sont bien deux jeunes que ‘’02’’ et ‘’8Z’’ élèvent cette année sur l’aire visible de l’observatoire. Trois semaines après la constatation des toutes premières becquées, leurs évolutions sur le nid deviennent de plus en plus visibles et ils paraissent pleins de vitalité…

 Paraissant toujours fatiguée mais pouvant compter sur le mâle pour assurer la protection de sa progéniture quand il n’est pas parti pêcher, la femelle s’octroie maintenant des périodes d’absence du nid pour aller se détendre perchée dans un arbre ou prendre un bain dans l’étang. 

Par ailleurs, et après un parcours particulièrement chaotique pour retrouver cette année un partenaire de reproduction, c’est enfin hier que ‘’Panchita’’ commençait à donner ses toutes premières becquées à un poussin nouveau né. Après avoir été la plus précoce à être localisée revenue de son lieu d’hivernage, c’est parmi les femelles reproductrices que nous connaissons en forêt domaniale d’Orléans la dernière à le faire…

Mardi 16 juin : des ailes déjà bien longues…

 Toujours bien nourris et protégés par des parents attentionnés, la croissance des deux jeunes élevés par ‘’02’’ et ‘’8Z’’ se poursuit et ils sont maintenant parfaitement visibles quand ils s’activent et se déplacent sur l’aire. Leurs ailes sont déjà démesurément longues et pour le moment, ils ont du mal à maîtriser leurs mouvements et à garder leur équilibre quand ils les écartent…

 Très protectrice, la femelle quitte encore peu souvent l’aire qu’elle continue à approvisionner en branches et en herbe. Nous l’avons vue cet après-midi en arracher une touffe en rasant en vol et sans s’arrêter la rive gauche opposée à l’observatoire…

 Quant au mâle, il répond rapidement aux sollicitations de sa partenaire quand le besoin de nourriture se fait sentir. Dimanche dernier, ce sont ainsi trois poissons qui se sont retrouvés successivement sur le nid en l’espace de trois heures… Cet après-midi, c’est lui-même qui a commencé à donner la becquée à la femelle avant qu’elle prenne le relais pour nourrir les jeunes de la belle prise partiellement consommée qu’il venait d’apporter.

La vie de la famille paraîtrait donc actuellement bien sereine si elle n’était perturbée par les fréquentes intrusions de congénères étrangers sur son territoire. A chaque fois, le couple se met en émoi et chacun des deux oiseaux réagit par des cris et attitudes spécifiques selon le sexe du ou des intrus…  

Pendant ce temps, ‘’Panchita’’ en est à son dixième jour de soins attentifs à sa progéniture et les deux jeunes élevés par le mâle ‘’8R’’ qui avait été un temps son partenaire sur l’étang ont été parmi les tous premiers à être bagués hier par Rolf Wahl. La saison de reproduction bat son plein…

Vendredi 26 juin : la série noire continue pour le nid visible de l’observatoire…

 C’est hier qu’avait été programmée la séance de baguage des deux jeunes élevés par ‘’02’’ et ‘’8Z’’, quarante et un jours après le constat des toutes premières becquées données au premier né par la femelle… Elle n’a hélas pas pu être effectuée car à notre arrivée sous l’aire, nous avons d’abord trouvé au sol le cadavre de l’un des deux juvéniles, gorge ouverte et tête absente déjà arrachée par un prédateur, puis le grimpeur a constaté que le deuxième était également absent du nid. Celui-ci n’a pas été retrouvé…

 A noter que le grimpeur n’a pas constaté de dégradation sur une zone de la périphérie du nid qui aurait pu provoquer la chute des deux jeunes. Nous avons également constaté que les dispositifs anti-martre installés l’hiver dernier au bas du pin qui porte l’aire et de son voisin le plus proche sont intacts, ce qui permet en principe d’éliminer cette fois la possibilité qu’un de ces mustélidés soit allé les y chercher...

 Malgré ces deux constats, on ne peut émettre que des hypothèses sur l’origine du sort funeste qui vient de frapper une nouvelle fois la progéniture du couple emblématique de l’étang du Ravoir. On peut penser par exemple à l’attaque des jeunes au nid par un autre rapace, à leur chute accidentelle toujours possible ou  à une tentative d’envol anormalement très prématurée…

 Le cadavre encore frais du jeune trouvé au sol a été pris en charge par le Muséum d’Orléans qui l’examinera et en fera l’autopsie pour essayer d’en découvrir plus sur la cause de sa mort…

 Précisons que nous n’avons jamais constaté pour les autres couples suivis sur plusieurs années de reproduction consécutives en forêt d’Orléans et sa périphérie un tel taux de mortalité de jeunes approchant de l’envol ou prêts à s’envoler. Cela laisse éminemment perplexe sur les causes de celle qui touche trop souvent depuis huit ans ceux élevés en commun par ‘’02’’ et ‘’8Z’’…

 Aujourd’hui, le couple était présent en début d’après-midi, mais la femelle était perchée invisible en arrière de la végétation et commençait à crier pour inciter le mâle à lui apporter un poisson. On peut supposer que comme lors des années précédentes lorsqu’ils ont eu à déplorer la perte de leur progéniture, les deux oiseaux resteront sur le site jusqu’à leur départ en migration automnale…

 Ils seront donc probablement encore observables par les visiteurs venant à l’observatoire. Il faudra toutefois faire parfois preuve d’un peu de patience pour les voir apparaître, par exemple lors de l’apport par l’un ou l’autre d’une branche sur le nid ou celui d’un poisson à la femelle par le mâle. Ils ne manqueront sans doute pas également de continuer à se baigner régulièrement près d’une rive de l’étang ou de venir défendre leur nid à l’approche de congénères ‘’étrangers’’, ce qui donne toujours lieu à des scènes spectaculaires…

Vendredi 3 juillet : une nouvelle aire qui grandit vite…

 L’an dernier, après la mort de leur seul jeune, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ avaient entrepris de construire un nouveau nid au sommet d’un pin à la cime très inclinée situé à environ à 170m sur la gauche de celui qui porte leur aire habituelle vue de l’observatoire. Ils l’avaient laissée à l’état de belle ébauche à leur départ en migration automnale mais elle n’avait pas résisté ensuite aux rafales de vent hivernales.

 Ils récidivent cette année suite à la nouvelle interruption brutale de leur reproduction, et le font exactement au même emplacement… Nous les voyons en effet depuis quelques jours apporter fréquemment des branches au sommet de cet arbre. L’énergie qu’ils y déploient malgré la chaleur est impressionnante car cette nouvelle construction grossit rapidement. S’ils continuent à ce rythme, nul doute que ce sera une belle nouvelle aire qu’ils laisseront derrière eux quand ils partiront dans quelques semaines…

 Nous avons vu mardi dernier que ce n’était pas encore sur cette ébauche de nid, dite souvent de ‘’frustration‘’ lorsque son élaboration intervient après un échec à la reproduction, que ‘’8Z’’ apportait à ‘’02’’ les poissons qu’elle lui réclamait. C’était sur l’aire habituelle, mais nous verrons dans les semaines qui viennent si cette préférence peut s’inverser…

 Pendant ce temps, ‘’Panchita’’ fait preuve d’une abnégation sans faille pour protéger du soleil ses trois jeunes âgés d’à peine quatre semaines. A ce stade, ils peuvent encore se déshydrater très vite si leur mère est dérangée et ne peut plus leur offrir l’ombre de son corps en tournant des heures durant ailes écartées le dos à l’astre… Espérons qu’elle pourra les maintenir sains et saufs jusqu’à la fin de l’épisode caniculaire exceptionnel qui sévit actuellement sur notre pays… 

Le mâle ‘’8R’’, qui fut son ‘’flirt’’ de début de saison sur le Ravoir, voit lui depuis quelques jours ses deux juvéniles voler de leurs propres ailes et devenir de magnifiques jeunes balbuzards. Quatre à six semaines après leur premier envol, ils prendront leur indépendance et partiront séparément se chercher un lieu d’hivernage…

Mercredi 22 juillet : du premier envol à l’émancipation…

 Une grande partie des jeunes balbuzards nés en forêt d’Orléans sont maintenant volants. Certains, comme ceux élevés par le mâle ‘’8R’’ et sa partenaire ‘’8V’’, sont même probablement dans la phase de prise d’autonomie qui suit la capture des premières proies, un mois à un mois et demi après le premier envol…

 Par contre, et à cause du printemps très chaotique de leur mère qui l’a amenée à pondre tardivement, les trois rejetons élevés par ‘’Panchita’’ et son nouveau compagnon n’en sont qu’au stade des battements d’ailes d’entrainement sur leur aire… Dans quelques jours, ils feront eux aussi le grand saut…

 Tout en améliorant ensuite leur maîtrise du vol, ils continueront à manger sur le nid les poissons apportés par leur père nourricier et il n’est pas rare à ce stade d’assister à une rude compétition entre frères et sœurs pour l’appropriation des prises (voir vidéo d’une lutte entre deux jeunes sur un nid de la forêt…).

 Une dizaine de jours après l’envol, ils commenceront à transporter leurs poissons pour aller les consommer perchés dans un arbre. C’est encore plus tard que commencera leur apprentissage à la pêche…

 Sur le Ravoir, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ continuent par épisodes à construire leur nouveau nid, entre apports de poissons, baignades et longues séances de toilettage posés dans un arbre ou sur un piquet…

 Cette vie sereine est toutefois assez souvent interrompue par les apparitions de congénères étrangers, notamment celles de jeunes nés sur les aires les plus proches et attirés par l’étang. Bien que juvéniles, ils sont déjà traités comme des concurrents territoriaux potentiels et leurs intrusions donnent lieux à des séances d’émissions de cris aigus et de vols de la part des adultes pour les éloigner (voir vidéo de ‘’8Z’’ ‘’sifflant’’ avec énergie au passage d’un mâle intrus)… 

Signalons par ailleurs aux visiteurs désireux d’assister à ces scènes qu’à cause de la sécheresse qui sévit actuellement sur le département, la circulation des véhicules est interdite depuis vendredi dernier en forêt domaniale d’Orléans. Il faut donc prévoir une ballade en vélo ou à pieds pour venir à l’observatoire. Nous signalerons dans cette rubrique dès qu’elle sera effective la levée de cette restriction…

Jeudi 6 août : regain d’intérêt pour le nid habituel…

 La perturbation provoquée par la disparition de leurs deux jeunes étant peut-être maintenant atténuée, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ semblent porter à nouveau un grand intérêt à leur aire habituelle. On constate en effet qu’ils y ont apporté récemment de nouvelles branches, alors que la taille de l’ébauche de nid qu’ils ont construite à environ 170m de là au sommet d’un pin très incliné paraît ne plus augmenter…

 Hier, nous avons de plus constaté vers 19H00 que c’est sur cette ancienne aire que le mâle continue à apporter des proies à la femelle. Elle avait auparavant passé une bonne partie de l’après-midi à crier pour réclamer pitance avant qu’il se décide enfin à partir pêcher. Apparemment affamée, c’est avec avidité qu’elle s’est approprié le poisson partiellement consommé pour aller le manger comme à son habitude sur un perchoir invisible de l’observatoire…

 Gorge bien gonflée, le mâle a ensuite bougé quelques branches sur le nid avant d’aller s’adonner à ses ablutions près d’une rive de l’étang. Nous avons pu remarquer que comme les années précédentes, il profite de cette dernière partie de saison estivale pour effectuer la mue des 8èmes rémiges primaires de chacune de ses ailes (3ème en partant du bout de l’aile).

 C’est toujours aux passages d’intrus que la sérénité du couple paraît perturbée. Hier par exemple, c’est une femelle étrangère qui a mis ‘’02’’ en émoi en volant au dessus du Ravoir vers 15H00. Porteuse d’un poisson entier, elle a semblé hésiter à descendre pour le manger sur un piquet du fond de l’étang, puis s’est éloignée vers la gauche de l’observatoire…

 C’est d’autre part le 30 juillet que nous avons constaté que deux des jeunes élevés par ‘’Panchita’’ et son nouveau partenaire étaient volants. Deux jours plus tard, le troisième avait également pris son envol.

 Ces trois juvéniles issus de la nichée la plus tardive que nous connaissons paraissent pourtant dès maintenant totalement à charge et sous la surveillance de leur père nourricier, car leur mère semble avoir déjà quitté les lieux. Ce départ possible d’une femelle bien avant l’émancipation de ses jeunes est assez fréquemment constaté chez les balbuzards. Rappelons que comme l’an dernier, ‘’Panchita’’ a été la première observée revenue sur le massif forestier d’Orléans (dès le 27 février cette année), ce qui explique peut-être qu’elle ait apparemment quitté si tôt sa progéniture...

 L’an dernier, c’est jusqu’au 29 juillet qu’elle avait été observée sur son ancien nid, alors qu’un de ses trois jeunes était encore présent le 30 août… Instinct de migration que d’autres femelles doivent déjà également subir oblige… 

Rappelons pour finir qu’il faut toujours prévoir une bonne ballade à pieds ou en vélo pour venir admirer ‘’02’’ et ‘’8Z’’ depuis l’observatoire du Ravoir. En effet, les faibles pluies tombées lundi dernier et le week-end du 26 juillet n’ont pas permis de lever l’interdiction de circuler aux véhicules mise en place à cause de la sécheresse depuis le 17 juillet en forêt d’Orléans…

Vendredi 14 août : parking de l’observatoire à nouveau accessible aux véhicules !

 C’est ce matin que les panneaux signalant l’interdiction aux véhicules de circuler en forêt d’Orléans ont été retirés de l’entrée des routes forestières ouvertes au public. Il est donc à nouveau possible d’accéder rapidement à l’observatoire de l’étang du Ravoir pour profiter des périodes durant lesquelles ‘’02’’ et ‘’8Z’’ apparaissent et se laissent observer.

 Cet après-midi, c’est le mâle qui est sorti un moment de sa réserve pour venir faire ses ablutions près de la rive opposée à l’observatoire. Sa gorge bien gonflée indiquait qu’il venait de finir un bon repas. Il avait peut-être apporté auparavant sa part du festin à la femelle car contrairement à son habitude, nous ne l’avons pas entendue crier, perchée quelque part invisible en arrière de la végétation...

 Si l’on s’en réfère aux années précédentes, la pulsion migratoire ne devrait inciter ces deux oiseaux à rejoindre leurs lieux d’hivernage que vers fin août-début septembre pour ‘’02’’, et à partir de mi-septembre pour ‘’8Z’’. 

Il n’est donc pas trop tard pour programmer une visite à l’observatoire qui permettra avec un peu de chance ou de patience de pouvoir encore les admirer cette année…

Jeudi 27 août : les effectifs diminuent…

 La période des départs en migration est maintenant bien entamée pour les balbuzards de la forêt d’Orléans et à l’exemple de ‘’Panchita’’, qui n’a plus été observée depuis fin juillet, bon nombre de femelles semblent avoir quitté leur site de reproduction pour entamer le voyage qui les mènera vers leurs lieux d’hivernage.

 Même s’il est probable que quelques uns les ont déjà imitées, les mâles continuent généralement à fréquenter leur site de reproduction plus ou moins tard en septembre…

 Si beaucoup sont à présent déchargés de cette tâche, certains n’ont d’ailleurs pas fini d’assurer la subsistance de leurs jeunes jusqu’à ce qu’ils s’émancipent et quittent les lieux, généralement un mois à un mois et demi après leur premier envol. C’est le cas notamment du partenaire de ‘’Panchita’’ qui a élevé avec elle la nichée la plus tardive que nous connaissons cette année en forêt d’Orléans…

 Criant fréquemment et longuement de concert en attendant l’arrivée d’un poisson, les  jeunes se le disputent souvent âprement et le mâle a parfois bien du mal à s’extirper de la mêlée qu’elle provoque (voir vidéo en exemple dans la galerie photos)… Avant la tentative de prise d’autonomie qui suivra, cette période est probablement assez difficile à franchir pour les plus faibles ou les moins agressifs si les apports de proies se font un peu désirer…

 Comme le nouveau qui s’est formé sur l’ancien nid de  ‘’Panchita’’ et à l’instar des années précédentes à cette époque, ‘’02’’ et ‘’8Z’’ font partie des rares couples encore constitués. Toujours ‘’discrète’’, la femelle continue souvent à ne signaler sa présence que par les cris qu’elle pousse d’un perchoir éloigné sur lequel elle est invisible de l’observatoire. Il est probable que bientôt, ‘’8Z’’ restera seul à surveiller encore quelques temps le site qu’ils occupent ensemble depuis huit années consécutives… 

Il vous faudra patienter jusque mi-septembre pour le savoir, congés du webmestre obligent…

Mercredi 16 septembre : s’il n’en reste qu’un, c’est ‘’8Z’’…

Cette année, quelques jeunes nés en forêt d’Orléans ont pu être observés début septembre attendant encore sur leur nid l’apport d’un poisson… Pour certains, ces observations assez tardives ont été faites près de deux mois après leur premier envol. Elles indiquent peut-être que leur prise d’autonomie a été assez laborieuse, ou que leur père nourricier a fait preuve d’une propension à procurer longtemps une nourriture facile à sa progéniture…

 Il fut par contre logique de trouver encore le 4 septembre parmi ces retardataires un des trois juvéniles élevés par ‘’Panchita’’, puisque issus d’un nid sur lequel la reproduction à été tardive, ils n’ont pris leur premier envol que fin juillet…

 Quant à leur mère, c’est le 7 septembre que nos amis espagnols ont pu l’identifier stationnant à nouveau  sur son lieu d’hivernage situé dans l’estuaire du fleuve EO, au nord de la péninsule ibérique (voir photo)… Comme ils ne peuvent se rendre souvent sur place et que les conditions d’observations sont difficiles dans ce très large estuaire, nul ne sait quand ‘’Panchita’’ a achevé son périple migratoire automnal entamé apparemment dès le début du mois d’août… Gageons que son retour en forêt d’Orléans sera encore précoce l’an prochain…

 Avec les mâles encore en charge d’une progéniture, quelques autres redevenus seuls ont pu également être observés début septembre fréquentant encore de temps en temps leur site de reproduction. Il serait très fastidieux et illusoire d’essayer de les recenser à cette époque, car ils semblent s’absenter parfois longtemps et ne faire que des apparitions ponctuelles près de leur aire… Ils peuvent également rester très longtemps perchés invisibles à distance de leur nid, attendant parfois plusieurs heures que la faim revienne en tenant dans une serre un poisson imposant partiellement consommé…

 Sur le Ravoir, ‘’8Z’’ est resté lui aussi parfois longtemps invisible ces derniers jours, mais certainement grâce à l’attrait qu’il éprouve pour l’étang, nous avons pu vérifier ce matin qu’il n’était pas encore parti en migration. Il stationnait en effet sur un gros piquet du fond de la pièce d’eau, faisant sa toilette sous une forte pluie d’orage… (Voir vidéo). 

Quant à sa partenaire ‘’02’’, nous ne l’avons plus observée ni entendue crier depuis le 30 août. Des visiteurs venus à l’observatoire nous ont indiqué l’avoir encore vue le 8 septembre, mais elle est probablement maintenant loin de la forêt…

Dimanche 27 septembre : fin de saison…

 Quand la brume matinale le recouvre sous le soleil levant, l’ambiance est déjà automnale sur l’étang du Ravoir qui a été mis en vidange lente depuis plusieurs semaines… Son niveau bas parait actuellement favorable au stationnement de nombreux canards colvert et à quelques autres oiseaux d’eau. On y voit fréquemment par exemple plusieurs grandes aigrettes et garzettes à la recherche de nourriture dans les zones d’eau peu profonde.

 Bien que les repousses d’aulnes gênent maintenant la vue devant l’observatoire, on peut également apercevoir la livrée bleu métallique d’un martin-pêcheur posé en affût au sommet d’un piquet ou sur une souche. Le plus souvent pourtant, ce sont les cris aigus qu’ils poussent en rasant l’eau à toute allure qui nous signalent la présence de ces petits joyaux vivants. Les alevins n’ont qu’à bien se cacher…

 Il est donc toujours intéressant de venir profiter de la sérénité du site mais une silhouette familière y manque depuis quelques jours…

 Etant probablement un des tous derniers balbuzards à le faire, le mâle ‘’8Z’’ semble en effet avoir maintenant quitté la forêt d’Orléans et entamé sa migration automnale. C’est le 18 septembre que nous l’avons observé pour la dernière fois, trônant alors sous la pluie au sommet d’un piquet de l’étang…

 En conséquence, et comme chaque année après le départ tardif de cet oiseau emblématique, c’est avec un peu de mélancolie que nous mettons fin à cette rubrique pour l’année 2015…

 Il nous tarde pourtant déjà de savoir si ‘’Panchita’’, qui a niché cette saison loin de l’étang après un printemps particulièrement chaotique, reviendra l’occuper en éclaireuse dès la fin du mois de février comme elle le fait depuis deux ans, ou si elle se contentera d’attendre sur sa nouvelle aire éloignée le retour de son nouveau partenaire…

 Le mâle ‘’8R’’, qui était venu la rejoindre début mars sur le nid visible de l’observatoire, fera-t-il encore des ‘’infidélités’’ à sa compagne ‘’8V’’ avec laquelle il se reproduit depuis 2006 inclus ?

 Mais c’est également le devenir de ‘’02’’ et ‘’8Z’’ qu’il nous tarde de découvrir. Après huit années consécutives de partenariat durant lesquelles ils ont vu 7 de leurs 16 jeunes mourir peu avant ou juste avant l’envol, arriveront-ils s’ils se retrouvent en 2016 à en élever à nouveau un ou plusieurs jusqu’à émancipation comme ce fut le cas de 2010 à 2012 inclus ?...

 Autant de questions dont les réponses vous seront apportées si vous nous rejoignez pour lire cette rubrique l’an prochain… 

Bonne période hivernale à tous et à bientôt…

Mercredi 30 septembre : très intéressante information de dernière minute…

 Grace aux bagues qu’il pose depuis 1995 sur un maximum de jeunes balbuzards nés en France continentale, Rolf Wahl est de temps en temps informé de la localisation de certains d’entre eux, encore juvéniles ou devenus adultes, lors de l’une de leurs haltes migratoires ou sur leurs lieux d’hivernage…

 Nous espérions depuis longtemps que ce soit le cas pour les oiseaux constituant le couple emblématique du Ravoir et c’est enfin arrivé pour la femelle. ‘’02’’ a en effet été prise en photo le 18 février 2015 en vol au dessus d’une plage Sénégalaise près de Dakar, par un photographe espagnol, Juan José Ramos/Birding Canarias. Sur ce cliché qui n’a été communiqué à Rolf que tout récemment, le code de la bague orange qu’elle porte sur la patte droite est parfaitement lisible et ne laisse aucun doute sur son identité.

 Rappelons que ‘’02’’ était arrivée sur son nid le 14 mars cette année, soit 24 jours après cette localisation au Sénégal. Le suivi  satellitaire effectué par Roy Dennis sur quelques oiseaux écossais passant la période hivernale dans cette partie de l’Afrique de l’ouest indique que le trajet de retour printanier des adultes est souvent d’environ une vingtaine de jours pour rejoindre l’Ecosse (source Roy Dennis ‘’A life of Ospreys’’). On peut donc supposer qu’ayant un parcours inférieur à accomplir ‘’02’’ était seulement sur le point de partir en migration prénuptiale lorsqu’elle a été photographiée le 18 février et que cette plage Sénégalaise fait probablement partie ou est peu éloignée de son secteur habituel de villégiature hivernale…

 Ca n’a rien d’étonnant car il est connu que de nombreux balbuzards d’Europe septentrionale de l’ouest passent l’hiver dans cette partie occidentale de l’Afrique subsaharienne. 

A quand également la localisation de ‘’8Z’’ sur son secteur de repos hivernal ?